Les combattre partout où ils s’implantentCarte des groupes locaux d’extrême droite (3e édition)

Les groupes d’extrême droite en France actuellement se caractérisent par leur instabilité mais aussi par leur identité locale au détriment de réseaux nationaux : c’est pourquoi, en collaboration avec des groupes antifascistes locaux, nous mettons régulièrement à jour cette carte en complément de notre schéma de l’extrême droite lui aussi mis à jour régulièrement. Vous pouvez commander cette carte sur support papier ici.

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AVERTISSEMENT
Concernant les municipalités RN, elles sont en réalité plus nombreuses, et nous n’avons mis que les plus importantes. Pour les groupes locaux, en cherchant à rendre visible ces initiatives nationalistes dans leur diversité nous sommes conscient·es de créer un effet «  loupe  ». À l’heure des réseaux sociaux, n’importe qui peut proclamer l’existence d’un groupe : aussi, nous invitons nos lectrices et lecteurs à poser un regard critique sur la communication de ces groupuscules qui veulent se faire plus gros qu’ils ne sont. De notre côté, nous avons veillé à ne signaler que les structures ayant une activité réelle, mais nous avons pu commettre des erreurs ou des oublis (un grand merci aux lectrices et lecteurs qui nous ont permis d’identifier de nouveaux groupes pour cette 2e édition). N’hésitez pas à nous les signaler dans les commentaires ou en nous écrivant à : lahorde@samizdat.net

Auvergne Rhône-Alpes

Lyon est depuis plusieurs années la ville où l’extrême droite est la plus solidement implantée, comme le montre la pérennité du local identitaire La Traboule, néanmoins menacé de fermeture. Ce local dispose également d’une salle de boxe identitaire, L’Agogé, et le tout est désormais chapeauté par une association baptisée Les Remparts, créée suite à la dissolution de Génération identitaire. En ce qui concerne les groupes eux-mêmes, à la suite de la dissolution du Bastion social, différentes structures ont vu le jour, mais seul Lyon populaire a une activité régulière : on retrouve régulièrement ses militants impliqués dans des agressions. Si Audace Lyon existe toujours, nous ne l’avons pas signalé car c’est de plus en plus une coquille vide. Ces groupuscules identitaires travaillent étroitement avec les antennes locales de la Cocarde étudiante ou de Némésis. Enfin, concernant les hooligans, on les retrouve aujourd’hui davantage au virage sud Lyon 1950 que chez les Bad Gones.
À Clermont Ferrand, le groupuscule Clermont Non-Conforme n’existe qu’à travers ses agressions physiques. À Chambéry et à Annecy, des bandes néofascistes plus informels mettent elles aussi une véritable pression sur tou·te·s celles et ceux qui leur déplaisent, et organisent parfois ensemble des marches nocturnes.

Bretagne

L’actuel Parti National Breton émerge début 2022 des ruines d’Adsav. Le nom fait référence au PNB « historique » qui a traqué les résistants via un groupe de combat intégré à la SS. Outre le triskell dans un cercle, il emprunte à l’aîné son obsession pour la prétendue pureté raciale bretonne. À part des collages, le groupe vivote. Fin 2022, il avait péniblement rassemblé une dizaine de militants.
Né fin 2022, An Tour-tan (« le Phare » en breton) reprend certains codes esthétiques du vieux nationalisme breton d’extrême droite, sauce Bastion Social. A rebours du mépris de ses prédécesseurs pour les divers dialectes du breton, le groupe revendique une identité traditionnelle attachée au pays vannetais. Sans réelle influence, son activité se résume à la tenue d’un compte Twitter, à des collages et à de rares soirées.
Début 2023, l’Oriflamme officialise son existence sur Rennes. Il s’agit d’une scission, voire d’une section complète qui quitte l’AF. Yvan Benedetti, des Nationalistes, a salué sa création : une bonne entente qui en dit long sur la radicalité d’un groupe qui vient se placer à droite de l’AF. Dans les Côtes d’Armor et du coté de Lorient des bandes de nationalistes s’activent en commettant des dégradations de locaux et attaques de rendez-vous militants.

Bourgogne et Franche-Comté

L’activité de l’extrême droite dans cette région ne se résume pas qu’aux deux grosses villes universitaires Besançon et Dijon, car dans les campagnes aussi des bandes de racistes se montent et se démontent. Ceux qui ont fait parler le plus d’eux ces derniers temps par leur violence sont autour de Besançon avec les Vandal Besak, mais depuis leur médiatisation et les problèmes avec la justice on en entend un peu moins parler. Un petit mouvement identitaire, Fraternité comtoise est apparu récemment tandis que les Téméraires tente depuis bientôt 5 ans de faire vivre une communauté identitaire.
Autour de Dijon, la Cocarde étudiante, l’UNI ou l’Action Française tentent de se monter sans succès, mais ils peuvent se retrouver autour d’Helix, une coquille vide qui regroupe des nationalistes catholiques. Dans cette ville un peu centrale pour la région, un groupe informel, les Infréquentables Dijon, peut avec d’autres personnes venues de Besançon ou Bourg-en-Bresse se montrer et faire quelques actions violentes qu’ils affichent ensuite sur les réseaux sociaux.

Centre-Val de Loire

Jusqu’en 2017, l’activisme nationaliste sur Orléans était principalement le fait du Renouveau français, aujourd’hui disparu. C’est l’Action Française qui occupe désormais le terrain, en cheville avec la Cocarde étudiante : ils se retrouvent avec d’autres pour former des groupes informels tels que Aurelianorum Corda ou Orléans nationaliste. France Souveraineté, une association réactionnaire créée en 2015, est assez active, en particulier dans les hommages rendus à Jeanne d’Arc ou pour des conférences.
À Tours, c’est fin 2018 que l’extrême droite connait une réorganisation avec l’apparition de la structure Des Tours et des Lys, sorte de résurgence du Bastion social, qui occupe désormais une place centrale au sein du mouvement nationaliste local. Si leur branche étudiante, l’UDET, a finalement fait long feu, c’est la Cocarde étudiante qui leur sert désormais de courroie de transmission à la fac.
Enfin, à Bourges, Animus Fortis, créé en 2018 après la disparition du Bastion social, fait sa propagande sous couvert d’activités culturelles. Certains de leurs militants peuvent se retrouver dans un groupe informel, Bourges Schaf Crew.

Grand Est

Malgré des scores électoraux élevés du RN dans la région, une seule ville est tenue par ce parti : Hayange.
Mais dans cette région c’est dans une librairie de Nancy, Les Deux Cités que toute la faune d’extrême droite se réunit. À Thionville, l’Alérion avec sa poignée de militants cherche à garder la mémoire des militants nationaliste révolutionnaire italiens. A Reims, c’est un groupe composé d’anciens royalistes et d’identitaire, les Remes Patriam, qui se font le plus remarquer. Dans des villes étudiantes comme Strasbourg ou Mulhouse des groupes comme l’Action Française, la Cocarde étudiante ou Némésis se montent puis disparaissent, Mulhouse ayant une AF qui essaie de se montrer en ce moment.

Hauts-de-France

Les Hauts-de-France conservent un électorat RN constant surtout dans le Pas-de-Calais et l’Aisne avec trois villes dirigées par ce parti, Hénin Beaumont, Bruay-la-Bussières et Villers Cotterêts. Dans cette région, des groupes se font et se défont rapidement, que ce soit autour des stades à Lille ou Amiens, ou dans de plus petites villes. À Lille, après la dissolution de la Citadelle, animée par d’ex-Identitaires dont Aurélien Verhassel et qui leur servait de lieu de rencontre, ils tentent à présent des apparitions sous le nom de Nouvelle Droite. L’Action Française a su garder une présence autour de Lille et à Arras. Pour ce qui concerne le stade, si le DVE (Dogues Virage Est) lillois n’est pas d’extrême droite, les hooligans nationalistes peuvent y trouver refuge.
Dans l’Aisne s’est réfugié Serge Ayoub, dont le club de bikers, les Gremium MC France, sert de maison de retraite aux naziskins qui font régulièrement parler d’eux. Ils organisent des conventions de tatouage qui passent inaperçues.

Île-de-France

Des groupes sont spécifiques à la région : Auctorum à Versailles, Luminis à Paris, dont l’identité nationale-catholique est affirmée. Les Natifs, quant à eux, reprend les codes visuels des Identitaires en jouant sur un folklore parisien de pacotille.
Une énième renaissance du GUD centralise une partie des effectifs d’Auctorum et Luminis, tout en ralliant une partie des anciens Zouaves. Ces groupes parfois se coordonnent : ainsi, en dépit d’un effectif famélique, c’est le GUD qui devient central dans les activités des jeunes d’extrême droite de la capitale. À noter que plusieurs manifestations annuelles de l’extrême droite radicale se déroulent dans la capitale, comme l’hommage à Sébastien Deyzieu le 9 mai et l’hommage à Jeanne d’Arc le deuxième week-end de mai. En appui pour les actions violentes, tout ce petit monde peut compter sur les hooligans parisiens, comme par exemple le kop Pitbull Paris.

Normandie

À Rouen, Génération Identitaire était assez active et depuis sa dissolution un nouveau groupe tente des activités sous le nom des Normaux dont certains membres sont actifs au sein d’Argos (mouvement qui a pris la suite de Génération identitaire) : leur ancien local l’Yggdrasil ayant cessé ses activités en 2021 un nouveau local a pris la relève, le Mora. C’est également autour de Rouen qu’Active Club France a fait ses premières apparitions, avant d’essaimer un peu partout : ce micro-réseau organise des entraînements aux sports de combat dont elle fait la promotion en utilisant une symbolique clairement néonazie.

Nouvelle Aquitaine

En Nouvelle-Aquitaine, l’activité des groupes fascistes se concentre surtout à Bordeaux : depuis la disparition de Bordeaux nationaliste, c’est la Bastide Bordelaise (dont les effectifs sont principalement issus de la section locale de Génération Zemmour) qui reprend le flambeau, là encore pour commettre des violences, et l’on entend régulièrement parler d’eux devant les tribunaux. l’Action Française dispose d’une section active, plus communicante que réellement présente sur le terrain, elle anime des cercles de formation, mène un travail de propagande et participe à la vie du mouvement royaliste au niveau national.

Occitanie

A Toulouse, les restes de Génération identitaire (GI) sont à Furie Française, créée en octobre 2021. On les retrouve avec des militants de la Cocarde ou de l’AF dans les violences organisées sous le label Alliance scandale  contre le mouvement social toulousain. Ils servent de petites mains à Reconquête ! et au RN.
A Montpellier, Jeunes d’Oc est la structure déployée par l’ancienne section de GI. Quant à l’Action française, elle maintient une activité régulière, parfois avec la Ligue du midi animée par la famille Roudier. En ce début d’année un nouveau groupe a vu le jour : le Bloc montpelliérain, composé d’anciens des Jeunesses Saint-Roch qui tente des agressions dans les mouvements sociaux. D’autres groupes (Patria Albigès et Novelum Carcassonne) sont des satellites de Furie française ou de la Ligue du Midi.
À Perpignan, ville gérée par le RN, deux structures d’extrême droite ont fait leur apparition : le groupuscule Unité Sud et le local «  identitaire  » 7.59 qui organise des conférences.
D’autres municipalités sont également occupées par l’extrême droite : Robert Ménard (ex RN, partisan de l’union des droites) à Béziers, Romain Lopez (ex RN) à Moissac et Julien SANCHEZ (RN) à Beaucaire.

Pays de la Loire

Les réseaux d’extrême droite radicale en Pays de la Loire sont petits mais structurés. Ils reposent en grande partie sur la bourgeoisie catholique, assez implantée dans cette région. Depuis quelques années, Angers se démarque par la multiplication des initiatives nationalistes. L’Alvarium, particulièrement, impose sa présence en dépit de sa dissolution en 2022 : ses membres signalent récemment par des agressions racistes, lgbt+phobes ou dirigées contre les mouvements sociaux. Depuis sa dissolution, le RED (Rassemblement des Étudiants de Droite) (Rassemblement des Étudiants de Droite) essaye de récupérer une partie de ce capital mais semble en perte de vitesse.
Il est notable que le mouvement à prétention nationale Academia Christiana a organisé à deux reprises son université d’été dans le Maine-et-Loire a organisé à plusieurs reprises son université d’été dans le Maine-et-Loire ainsi que d’autres événements moins importants en Mayenne. Les relais d’un tel mouvement dans la région sont rendus possibles grâce au réseau catholique traditionaliste : écoles hors contrat, scouts, etc. Cette radicalité ne laisse finalement que peu de place aux mouvements plus conventionnels comme le Rassemblement National, dont les scores montent rarement très haut dans cette région.

Provence Alpes-Côte d’Azur

Terre d’implantation du FN dans les années 1990, la PACA est toujours marquée par la présence de plusieurs villes RN, mais de taille plus réduite que par le passé. L’ex-FN Jacques Bompard, maire d’Orange de 1995 à 2021, a préféré fonder son propre parti, la Ligue du Sud, et rester en contact avec les identitaires locaux. À noter, également dans le Vaucluse, le groupe Tenesoun, dernière survivance locale du Bastion social, et, à Toulon, Le Maquis, qui a fait entre autres un collage contre le «  racisme anti-blanc  ».
À Marseille, l’ex-RN Stéphane Ravier, qui a lui aussi toujours gardé des contacts avec les groupuscules, a perdu son mandat de maire en 2017 et a fini par rejoindre Reconquête !. Dans le même temps, il participe au lancement d’un nouveau mouvement de jeunesse, Défends Marseille, au sein duquel on retrouve des militants identitaires, de la Cocarde étudiante et de Génération Z. À Aix-en-Provence, c’est surtout l’Action française qui est présente, main dans la main avec la Cocarde et Némésis.
Enfin, Nice reste le fief d’un des fondateurs des Identitaires, Philippe Vardon, passé par le FN-RN et aujourd’hui à Reconquête !, qui peut compter sur le Club 15.43, qui se trouve au même endroit que Lou Bastioun, l’ancien local des Identitaires. Enfin, un nouveau groupuscule violent, Aquila Popularis, a pris la suite des Zoulous niçois.

La Horde