Une petite histoire du Gud Le Gud essaie de se perpétuer (Deuxième partie : de 2002 à nos jours)

Dans cette deuxième partie, la "marque" GUD est toujours d’actualité dans la symbolique des jeunes militants d’extrême droite, nous avons essayer de condenser les différents articles que nous avions publier sur le site. Après ses périodes des années 60 aux années 80 où le Groupe union défense GUD essayait de marquer une présence sur les facs, le Groupe Union Défense se met en sommeil entre 2002 et 2009, des tentatives de reconstitution refont ensuite surface, mais il n’y a pratiquement plus de présence sur les facs, et le GUD ne fait que des apparitions sporadiques surfant sur un mythe. On voit de temps en temps la « marque » revenir dans des faits-divers ou lors d’actions violentes, le nom reste en sommeil et la dernière version étant la réactivation le GUD Paris en novembre 2022. Comme écrit dans la précédente partie, chez les « Rats Noirs » ce qui « reste constant c’est la violence physique perçue, dans la grande tradition de l’extrême droite radicale ».

Début 2000 c’est Gaëtan Dirand qui prend la tête du Groupe union défense GUD avant de le mettre en sommeil, Dirand à cette époque était militant du Front national avant de rejoindre le SIEL en 2017, il se présente à divers élections à Angers où sur sa liste figurait des militants actifs de l’Alvarium. Après la dissolution d’Unité radicale, on aurait pu penser que le GUD allait recuperer la jeunesse nationaliste, mais c’est surtout les Identitaires qui vont recuperer cette jeunesse, et les Identitaires délaissent le « travail » sur les universités, lors des élections universitaires des listes se montent quelques fois où l’on retrouve des militants d’extrême droite, c’est alors l’UNI et le FN qui essaie de les canaliser, à Paris le Rassemblement des étudiants de droite se monte et finira par disparaître à la fin des années 2000.

Retour du GUD version Klein

Fin 2009, c’est Edouard Klein qui tente de relancer le GUD Paris à Assas, auparavant il était responsable du Rassemblement des étudiants de droites RED d’Assas depuis l’automne 2008, chose étonnante, il coupe avec le GUD des années 80-90 puisque « Il semble en effet que l’initiative ait suscité l’intérêt des milieux les plus droitiers et groupusculaires de la communauté juive et que des liens se soient noués, Assas oblige, entre Edouard Klein et Alexandre Gitakos. Or celui-ci est une figure particulièrement active du milieu droitier universitaire. Animateur du blog pro-israélien Le Lion Ardent, qui se revendique « occidentaliste, libéral et patriote », il a derrière lui et depuis 2005 un passé bien rempli à la droite extrême. De France-Israël Jeunes, dont il se vante d’avoir gravi peu à peu tous les échelons, à l’UNI en passant par des associations comme « Stop la grève » ou le collectif « Etudiants Contre les Blocages ». L’absence de positionnement clair, entre ligne NR et marinisme, entre soutien pro-palestinien à fondement antisémite et refus de défiler aux côtés du centre Zahra, finit par provoquer l’implosion du RED au printemps 2009. Edouard Klein ne semble d’ailleurs pas lui-même savoir sur quel positionnement politique danser, entre présence assidue aux repas mensuels amicaux du GRECE à Paris, ligne « Ni keffieh, ni kippa » ou encore participation au 9 mai 2009 avec la casquette de responsable du SO. Plus qu’un véritable accord politique entre des milieux au demeurant dissemblables, le point de jonction pourrait se situer sur une volonté commune d’en découdre dans les facultés parisiennes avec les « islamo-gauchistes ». Une telle entreprise pourrait alors trouver le renfort de cogneurs patentés comme Maxime Benhaïm, lui-aussi bien connu pour ses frasques à l’UNI – où il devint un proche de Gitakos – et son appartenance à la LDJ. »

Edouard Klein
Edouard Klein

Edouard Klein "Doudou" aura eu sa première heure de gloire en relançant le GUD, mais lorsqu’il était chef du groupuscule, ils se feront surtout connaître pour leurs soirées entre potes que pour leurs activités politiques, alors que sur le terrain d’autres groupes comme 3ème Voie, les Jeunesses nationalistes montrent leur présence. Au début des années 2010, ils gardent de bonnes relations avec le Front national, Klein finira par être remplacé par une génération plus activiste, et en 2013 il se retrouve à faire un passage au Front national.

Le GUD en 2010, photo tiré de leur blog internet
Le GUD en 2010, photo tiré de leur blog internet

9 mai 2010, c’est la première sortie officielle du GUD lors de l’"hommage à Sébastien Déyzieu" après leur reformation, « la vieille génération a cependant une confiance toute relative dans ce que les petits nouveaux vont faire de la marque de fabrique puisqu’elle n’a cessé de les chaperonner et de marquer sa présence. Il faut dire qu’elle était venue en nombre, toute la fine fleur du GUD vintage 90’, dont certains qui ont cru bon de se faire remarquer. Tous ont d’ailleurs fort apprécié la pantalonnade anti-journaliste et on peut finalement en tirer la conclusion que la jeune génération n’est décidément pas à la hauteur des anciens puisque ce sont ceux-ci qui ont du se charger d’une besogne typiquement gudarde. » extrait d’un article de Reflexes de cette époque.

Le GUD à l’"hommage à Deyzieu" de 2010

Bientôt la succession de Jean Marie Le Pen à la tête du Front national, deux personnes veulent en prendre la direction, Marine Le Pen et Bruno Gollnisch. Le choix du GUD Paris sera de soutenir la candidature de Bruno Gollnisch, même si ils se doutait que Marine Le Pen allait être placée comme présidente du FN. Le GUD Paris s’accroche toujours au FN et défilera en fin de cortège, en petite délégation lors du défilé du Front national avec Edouard Klein ou Baptiste Coquelle le 1er mai 2011.
Neuf jours plus tard, lors du défilé d’hommage à Deyzieu organisé cette année là par Serge Ayoub, le GUD aura un cortège au milieu de la multitude d’autres groupes nationalistes et ne sortira pas du lot, la tendance chez les nationalistes étant plus à la mode bourrins des adeptes d’Ayoub.

Le retour du GUD à Lyon

En septembre 2011, le GUD se reforme aussi à Lyon emmené par Steven Bissuel, qui auront un journal « le rat libéré », mais moins dans le style parisien et plus dans l’activisme de rue avec des relations avec le milieu des stades et néonazis. « Affirmant au départ s’impliquer dans les problématiques concernant les universités et laisser de côté l’agitation de rue, les petits rats ne se sont pas très longtemps tenus à leurs belles promesses électorales, passant plus de temps à foutre le bordel dans les rues lyonnaises qu’à arpenter les couloirs des facs. De par son action, le GUD est rapidement apparu comme un énième groupuscule nationaliste, leurs « campagnes » et actions versant dans la démagogie et le populisme larvé :
Une « action » de nettoyage des marches de la Cathédrale Saint-Jean. Bon prétexte pour se prendre en photos en train d’effacer des tags antifascistes.
Une campagne contre la hausse des contraventions de stationnement…. On a les combats qu’on mérite.
Un peu de tapage autour de l’organisation d’une milice [1] pour partir à la recherche du « violeur du 8ème ». Bref, l’occasion idéale pour se balader armé et agresser celles et ceux dont la tête ne leur revient pas. Un militantisme de bas étage qu’ils tentent de compenser par l’organisation de conférences. On retiendra celle du 9 février 2013 sur le thème « Offensive Mondialiste et Résistances identitaires » avec des animateurs de Casapound et celle sur « les indo-européens » menée par le gréciste [2] Jean Haudry [3] dans les locaux de Terre & Peuple [4] en octobre 2012.
Si l’on doit juger le GUD Lyon sur ce que ses têtes arrivaient à produire, on ne pouvait faire l’impasse sur la sortie en février 2013 de leur « journal » mensuel nommé Le Rat Libéré. Un journal qui ressemble en partie plus à une suite de tracts d’auto-promotion qu’à des articles traitant de sujets de fond. Après un édito original les présentant comme les sauveurs de la France, voire de la civilisation européenne, s’enchaînaient des « articles » présentant tour à tour le GUD, l’UDJ (vitrine légale du GUD à l’université) et l’ULN (section lycéenne). Viennent deux brèves sur la mobilisation contre le « mariage pour tous » et l’intervention militaire française au Mali, un article de conseils sur la garde à vue et une page promo des activités et du merchandising gudard. Le plus intéressant se trouvait dans les sites internet dont ils conseillaient la consultation, avec entre autre celui du MAS (Mouvement d’action sociale aujourd’hui disparu), de Terre & Peuple et du Blood & Honour Hexagone (dissous). Enfin, la Kulture est abordée par la présentation du vieux groupe de RAC lyonnais Frakass et une interview pas anodine de Renaud Mannheim chanteur du groupe de RAC lyonnais Match Retour, fondateur de Lyon Dissident, de 3ème Voie Lyon et ancien du Blood & Honour Lugdunum. La feuille de chou se termine par une BD au dessin enfantin et à l’humour antisémite.
On tient alors entre ses mains un outil de propagande caricatural d’une frange nationaliste jouant la surenchère de la radicalité, sans réelle stratégie politique et ni assise idéologique. La finalité étant pour eux de s’affirmer comme les seuls vrais rebelles à la « matrice ».

Proches de différents groupuscules le GUD était par ailleurs en lien avec l’Artam-Brotherhood, groupuscule néo-nazi, que Fafwatch Rhône-Alpes présente ainsi :
Artam-Brotherhood est une jeune organisation néo-nazie implantée dans la Loire, la Franche-Compté, la Haute-Savoie et la Suisse-Romande. Elle est le fruit de relations entretenues depuis un certain nombre d’années entre l’UNIF acronyme d’Union Nationaliste et Identitaire Française, (groupuscule présent dans la Loire, le Var et la Haute-Savoie et dont l’activité principale est l’organisation de camps de cohésion et d’entraînement à caractère militaire) et de jeunes néo-nazis de Neuchatel, Genève et leurs environs.
Certains quartiers de Lyon sont depuis le mois de décembre 2012 le théâtre d’agressions et de violences quasi hebdomadaires. Il est prématuré d’affirmer que toutes sont le fait des gudards mais la plupart semblent en porter la marque. La presse locale, elle, se focalise sur le milieu hooligan depuis plusieurs mois. Il est vrai que lors de certaines agressions leurs auteurs se sont revendiqués de ce milieu à grand renfort de slogan « Lyon ! Lyon ! Hooligan !! ». Pour autant le slogan ne fait pas le hooligan. Et si l’on regarde de plus près les modus operandi, on s’aperçoit très vite qu’on est bien loin d’un certain code d’honneur soi-disant existant dans le milieu hools. D’aucun irait tirer une fierté à agresser les clients d’un bar, à une heure tardive, au seul prétexte que celui-ci, ou sa clientèle, soit étiquetée de « gauche ». Il n’y a pas beaucoup d’honneur à s’en prendre à des lieux et des personnes à des heures où ces courageux petits guerriers ne risquent pas de tomber sur une grande opposition. Jusqu’à preuve du contraire, les hooligans favoriseraient les affrontements entre eux et dans l’idéal à l’abri des regards indiscrets. Il semble que certains apprentis fascistes et postulants hooligans aient décidé de prouver leur bravoure et leur valeur à moindre frais, pour eux. »
Parmi, ses activités et leur tentative d’apparence sur la fac, en septembre 2011, le GUD Lyon accompagne Bruno Gollnisch, alors que celui-ci a été recalé à la présidence du Front national, lors de son retour à l’Université bien connue des militants d’extrême droite, Lyon 3.

Bruno Gollnisch se souviendra de l’aide du GUD et sera quelques années plus tard dans leur local.

Début 2012, le GUD Lyon alors dirigé par Steven Bissuel a le projet de s’allier avec les Jeunesses nationalistes de Gabriac, 3ème Voie, Terre & Peuple et des supporters de Gerland pour disposer de locaux communs et faire des initiatives communes , il n’y a plus de présence etudiantine pour le GUD Lyon à cette époque. Source C’est l’heure des rapprochements avec les autres groupes nationalistes, rapprochements qui ne dureront pas très longtemps, puisque 3ème Voie et les Jeunesses nationalistes seront dissous quelques mois plus tard.

La propagande du GUD Lyon sans équivoque sur ses idées
La propagande du GUD Lyon sans équivoque sur ses idées
Reflexes

Changement de style à Paris

En mars 2012 le Gud Paris présente une liste aux élections étudiantes à Assas sous le nom de l’Union de défense de la jeunesse UDJ, sans succès pour leur tentative de retour. C’est dans la rue que qu’ils tentent de se montrer, ainsi le 7 juin 2012, à Paris avec à la manœuvre le GUD Paris et Logan Djian organisent une manifestation contre le « droit de vote des étrangers », l’occasion pour ce petit rassemblement de faire venir des personnes comme Steven Bissuel ou Loik Le Priol.
C’est durant cette année que Logan Djian prend la tête du GUD Paris, ce qui amorce un changement de style avec Edouard Klein, Djian est issu du KOP Boulogne [5] et qui fut un temps proche de l’Œuvre française [6]. Petit poulain d’anciens du GUD des années 1990, il travaillera pour Vendôme sécurité la société d’Axel Loustau.
Dans d’autres villes le logo GUD réapparait comme à l’automne 2012, à Nancy le GUD se montre à la fac de lettres et de droit avec un tractage et quelques autocollants, ils feront parler d’eux en publiant une vidéo "On va casser du PD". Le 22 décembre 2012 à Avignon, le GUD et les Jeunesse nationaliste tentent de s’organiser, mais restera une initiative sans avenir.
La fin de l’entente avec les autres groupes nationalistes début 2013, le GUD Lyon prend son indépendance vis-à-vis des Jeunesses nationalistes de Gabriac et le projet de travail commun initié un an plus tôt vole en éclat notamment lors du C9M à Lyon où chacun appelle à un rassemblement distinct. Ce qui a pour conséquence que le 12 mai 2013 le GUD n’a pas d’apparition publique lors des défilés des Jeunesse nationaliste avec le Renouveau français, ni dans celui de 3ème voie et JNR, ni avec l’Action française.
Dans ce contexte de présence de multiples groupes nationalistes, le 5 juin, notre camarade Clément est tué par un militant de Troisième Voie à Paris, la violence d’extrême droite fait son apparition dans tous les « grands médias ». La seul solution que trouvera l’Etat pour lutter contre ces groupuscules sera d’en dissoudre une partie, notamment 3ème Voie, les Jeunesses nationalistes révolutionnaires, les Jeunesses nationalistes et l’Oeuvre française, le GUD n’ayant plus trop d’audience à cette époque, comme en 2002 lors de la dissolution d’Unité radicale, ils ne seront pas inquiétés.
Pourtant ils essaient toujours de se montrer, le 25 juin 2013, ratonnade de militants du Gud dans le vieux Lyon [7] , c’est dans cette même ville que le congrès du GUD est organisé le 2 novembre.

En janvier 2014 le GUD Paris et Lyon se retrouvent lors de manifestations Jour de colère à Paris, puis lors de l’"hommage à Deyzieu" en 2014, pour les 20 ans de la mort de Deyzieu, on aurait pu s’attendre à un effort : mais une fois de plus, c’est le service minimum, avec une courte marche aux flambeaux et un concert du groupe de RAC Lemovice, cette fois chez Logan Djian. Djian a en effet ouvert un bar nationaliste, le Crabe-Tambour en octobre dans la foulée de la fermeture administrative pour cause de dissolution de celui de Serge Ayoub, le Local, et à quelques centaines de mètres de ce dernier. Prêt à accueillir le microcosme d’extrême droite parisien : le Crabe-Tambour, situé lui aussi dans le XVe arrondissement, à quelques centaines de mètres au sud du Local… Comme au Local, c’est un ancien du Kop de Boulogne qu’on retrouve derrière le bar : Logan Djian, dit « Duce ». Leader d’une des multiples reformations du GUD sur Paris, c’est assez logiquement pour fêter les 45 ans de ce groupe activiste étudiant que Logan organise dans son bar sa première « grosse » soirée, le 24 octobre 2013 [8]. Suite au règlement de compte avec Edouard Klein et ses ennuis judiciaires en 2015 il doit quitter Paris et laisse ainsi le GUD Paris sans chef.
A l’initiative des parisiens, le 22 novembre 2014 le congrès du GUD se déroule sous le nom de « congrès européen, réveil des nations », avec Synthèse nationale, le Mouvement d’action social mais aussi différents groupes européens comme les grecs d’Aube dorée, les belges de Nation ou ce qui va inspirer le GUD dans les années qui suivent les italiens de Casapound.

Cette même année le GUD Paris se lance une dernière fois, lors d’élections universitaires à Assas, avec une liste "Assas Patriote", qui sera la dernière tentative de présence sur la fac.
L’année 2015 c’est le GUD Paris qui sera à l’initiative de "l’hommage à Deyzieu" le 9 mai, hommage qui, avant sa reprise en main par Serge « Batskin » Ayoub les années précédentes, avait peu à peu disparu. A peine plus de 150 personnes se rassemblaient derrière une banderole (la moyenne basse pour cet évènement).

25 juin 2015 le GUD organise un tournois de foot le « trophée bacchus », qui confirme la mutation du GUD vers un style plutôt « casual » que « Barbour Rayban ». Mais pour une histoire sordide de dégénérés nationalistes, le GUD Paris va disparaître quelques temps, son animateur étant impliqué dans un règlement de compte avec son ancien chef. En effet en octobre 2015, Logan Djian se retrouve lors d’une soirée avec d’autres militants du GUD à tabasser Edouard Klein, à ses cotés on retrouve un militant du GUD qui ferra parler de lui quelques années plus tard Loïk Le Priol. Pour les sortir de prison une société créée par l’ancien gudard Axel Loustau [9] versera une caution de 25 000 euros, toujours dans les bonnes affaires ce Loustique. Cette histoire tombait assez mal pour eux, puisque le 14 novembre, le GUD Paris était encore à l’initiative d’un « congrès européen » avec les mêmes groupes qu’en 2014 où l’on peut y ajouter Hogar social Madrid [10], à noter lors du concert qui accompagne cette journée le groupe Francs tireurs patriotes.

Toujours à Paris, le 4 décembre 2015, le GUD Paris avec l’Action française font une diffusion de tracts à Paris I, contre « les apatrides de la super-classe mondiale cosmopolite », « les lesbiennes-par-défaut hystériques », ce qui augure peut-être un rapprochement avec les jeunes de l’Action française.

Tout le petit milieu nationaliste allant des royalistes au GUD participent à des collages ensemble.
Tout le petit milieu nationaliste allant des royalistes au GUD participent à des collages ensemble.

Pour l’"hommage à Deysieu" de 2016 à Paris, c’est Steven Bissuel qui anime le cortège : Logan Djian est en effet interdit de séjour à Paris depuis son agression d’Edouard Klein et en attente de procès. Il y aura peu voire pas d’anciens, la moyenne d’âge des 80 participants est très basse, toutes et tous militant·es ou sympathisant·es des GUD de Lyon et de Paris : la date ne fait visiblement plus recette, et le GUD fait la démonstration que le sectarisme de ses leaders l’empêche de rassembler même autour d’un événement jusque-là consensuel.
A l’été 2016, Logan Djian s’expatrie à Lyon où il retrouve Steven Bissuel, dans la foulée le GUD Lyon ouvre un local, le Pavillon Noir, en octobre, lieu qui accueillera différentes conférences d’extrême droite et qui fermera un an plus tard. Dans ses relations internationales, le 11 novembre 2016, quelques militants du GUD Paris se rendent à la « Marche de l’indépendance » à Varsovie où se côtoient différents groupes nationalistes européens, l’initiative se reproduira les années suivantes. C’est désormais à Lyon que se concentrent les activités du GUD, le 3 décembre, le GUD Lyon confirme son orientation en faisant une rencontre dans leur local lyonnais, le Pavillon Noir, avec le représentant de Casapound en France Sébastien de Boëldieu.

Dans d’autres villes notamment en Bretagne, on entend encore parler sporadiquement du GUD comme ce 5 mars 2017 à Rennes où il fait une apparition place Sainte avec une banderole « Refugees not welcome » alors qu’un rassemblement de soutien aux migrant-e-s d’un squat se déroule en même temps. Puis vient le 7 mai 2017 à Nantes le soir du second tour des élections présidentielles, alors que des manifestations sporadiques se déroulent un peu partout dans l’Hexagone après l’élection de Macron, quatre militants du GUD agressent Erwan et Steven qui se trouvaient sur leur chemin. Les agresseurs ont reconnu lors de leurs auditions leur appartenance au GUD, et avoir eu ce soir-là, selon le procureur de la république de Nantes, " l’idée de retrouver des manifestants pour se venger et aller au règlement de comptes. L’objectif était clairement de tomber sur des antifas .".

Le GUD Nantes qui fait sa promotion quelques mois avant l'agression d'Erwan et Steven
Le GUD Nantes qui fait sa promotion quelques mois avant l’agression d’Erwan et Steven

Nouvelle stratégie et nouvelle période de sommeil

Juin 2017, le GUD se remet en sommeil alors qu’il n’était plus en très grande forme, avec le lancement très médiatique, par l’intermédiaire des « réseaux sociaux », du Bastion social et l’occupation d’un local à Lyon suivant leur modèle Casapound. Différents Bastion social verront le jour à Strasbourg, Marseille, Clermont-Ferrand, Chambéry qui communiqueront sur des actions très symboliques sans réel travail social, comparé aux associations qui font un travail journalier sur le terrain. Le Bastion social sera dissous en avril 2019, laissant place à Lyon Populaire et de multiples autres groupuscules.
Le GUD Paris quant à lui vivote, depuis les ennuis judiciaires de Logan Djian, et ne suit pas les lyonnais dans la tendance Bastion social. Mais en 2016 une nouvelle génération essaie de garder la marque, et prennent régulièrement la pose dans les rue de Paris pour les poster sur les "réseaux sociaux". Peu à peu ce groupe va être emmené par Marc de Cacqueray, qui ferra régulièrement parler de lui par la suite avec différents portraits dans la presse.

Les poses sur les "réseaux sociaux"
Les poses sur les "réseaux sociaux"

Ou avec une banderole de soutien à Kemi Seba en septembre 2017, un article du Monde sur Kemi Seba.

Fin 2017 le GUD laisse peu à peu la place à un nouveau groupe autour de Marc de Cacqueray , les Zouaves Paris, qui va rassembler différents militants parisiens allant des royalistes de Action française, en passant par des identitaires ou des milieux des supporters d’extrême droite. Tout cette petite bande se retrouve surtout faire le "coup de poing". Le chef du groupe n’oublie pas de se ballader avec son drapeau du GUD, c’est ainsi qu’on le voit en Ukraine en décembre 2019 lors d’un festival de musique avec ce drapeau alors que les Zouaves ont pris désormais la relève Dans la même tendance au regroupement de militants d’extrême droite activistes, en 2017 le Bastion social arrive à faire converger des anciens militants de l’Action française comme à Marseille avec dans d’autres villes des « nationaliste révolutionnaire ».
On retrouve quand même ces anciens militants du GUD, appelé à présent Bastion social, dans l’organisation des C9M de 2017 et 2018. Le GUD ressort la même banderole, et le lyonnais Bissuel est toujours là pour assurer l’animation. Le GUD n’est plus, et n’a pas d’antenne à Paris : l’hommage à Deyzieu perd sa dernière étiquette militante, et désormais seul le Comité du 9 mai apparaît publiquement dans le cortège, mais pour le reste, rien ne change vraiment.

Le C9M 2017, photo tiré du facebook du GUD Paris
Le C9M 2017, photo tiré du facebook du GUD Paris

Ce sont dans les faits divers que l’on entend encore parler du GUD, le 19 mars 2022, Federico Martín Aramburú [11] est assassiné en plein Paris, les auteurs de l’Assassinat sont des anciens militants du GUD dont Loïk Le Priol qui s’était lancé dans le business en fondant une marque de vêtements « Babtou Solide », et qui était déjà avec son acolyte Logan Djian lors du passage à tabac de l’ancien chef du GUD Edouard Klein.

Le nouveau GUD 2022

En janvier 2022 Darmanin dissous les Zouaves qui faisaient un peu trop parler d’eux, un groupe nationaliste déjà issu en partie d’anciens militants du GUD avant sa mise en sommeil, mais qui ne tarderont pas à reprendre cette étiquette.
En novembre 2022, à grand renfort de propagande le GUD Paris est relancé, même si ils n’ont pas d’activités sur les facs, on retrouve en partie des anciennes têtes des Zouaves Paris alors dissous.

Emmené par Marc de Cacqueray et épaulé par le fils de l’ancien membre du GUD Axel Loustau, il n’y a aucun problèmes pour eux d’avoir l’autorisation de reprendre le label GUD. A part sur les « réseaux sociaux » et à l’initiative de très peu d’événements, ils sont surtout présent pour faire les gros bras. On les retrouve aux cotés d’autres groupes nationalistes parisiens les Luminis et Division Martel [12] ou les versaillais d’Auctorum, qui pour certains ont l’apparence de faire des actions politiques. Souvent ce sont ces mêmes militants qui composent le GUD, qui peuvent ensemble se réunir sur la tombe de Brasillac en février ou lors de manifestations anti-avortement, contre la GPA ou dans des manifestations organisées par Les Patriotes de Florian Philippot.

Les différents groupes nationalistes parisiens prenant la pose en janvier 2023
Les différents groupes nationalistes parisiens prenant la pose en janvier 2023

Ce nouveau GUD, n’hésite pas à reprendre un symbole des suprématistes blancs se rapprochant des "accélérationnistes" en faisant le geste de l’"index pointé vers le ciel" qui pour eux représenterai le « Jihad blanc », comme l’explique Ricardo Parreira ici.
On ne sait pas trop les ambitions politiques du GUD Paris mais dans une interview à un magazine nationaliste révolutionnaire polonais ils donnent un peu plus de précisions sur leurs orientations, avec comme « objectif principal d’occuper et de contrôler l’accès aux espaces parisiens réservés à la jeunesse (université, manifestations, etc.) au profit des nationalistes ». Ils se revendiquent toujours du « nationalisme révolutionnaire » et affirment que « le cœur de notre idéologie est l’anticolonialisme, l’anti-impérialisme, l’antimarxisme et la résistance à l’immigration de masse ». Mais contrairement à d’autres NR, ils se distinguent par un soutien aux « nationalistes ukrainiens ». Concernant leur positionnement à l’égard de Marine Le Pen et Eric Zemmour, ils pensent « qu’une victoire électorale de ces candidats contribuerait à perturber le statu quo et à permettre le changement. ». Pour l’instant, ils n’ont pas été capables de fournir une publication à part sur les « réseaux sociaux » où ils excellent, un petit tract leur sert de propagande, ce qui ne suffit pas à présenter une liste sur une fac où ils sont inexistants ou simplement venu faire une diffusion de tracts avec des militants extérieurs à la fac.
La seul apparition publique dont le GUD est à l’initiative reste leur traditionnel défilé à Paris en mai organisé sous l’étiquette du "Comité du 9 mai" dont nous avions fait un article retraçant les faits et les manifestations du 9 mai ici.
Le GUD Paris se gargarise aussi d’avoir un « Cercle de Réflexion », le Cercle Oswald Spengler, où ils parlent d’Arménie, de Nationalisme révolutionnaire ou en invitant Gabriele Adinolfi, les discussions ne doivent pas bien voler haut, c’est plutôt l’occasion de se retrouver entre personnes de bonne famille. Ce cercle en rappel un autre datant des « années glorieuses » du GUD qui au début des années 70 s’était doté de cercles culturels destinés à promouvoir les thèses nationalistes dans l’université dont le cercle Oswald Spengler, avec comme parrain Maurice Bardèche, théoricien du fascisme, collaborateur notoire, beau frère de Brasillac et révisionniste précoce [13].

Malgré le court passage de Klein qui par manque de conviction et de force militante s’était allié à l’extrême droite juive, pour lutter contre les « islamo-gauchistes », une constante est quand même restée dans l’idéologie de ce groupuscule, son antisémitisme, le 7 octobre sur leur compte X Twitter on pouvait encore lire « Ni kippa, ni kippa ».
Le GUD reste un groupuscule violent en sommeil qui existe par l’intermédiaire de sa légende, qui pourrait être rassembleur pour une partie des militants d’extrême droite, on en entend régulièrement parler dans l’actualité. Le GUD n’est plus ce qu’il a pu être comme organisation étudiante où dans les années 1970 ils arrivaient à être présent quotidiennement sur la fac d’Assas, et en contrôler certains jours l’accès. Mais ça reste une marque qui a l’image d’un groupe violent et surf sur l’efficacité de la terreur. La nouvelle génération peut compter sur un réseau affinitaire d’anciens du GUD qui se sont lancés dans les affaires notamment avec un parti national populiste.
La Horde