Le Collectif Antifasciste Tourangeau vient de faire une présentation des groupuscules d’extrême droite dans leur ville sur leur facebook, complété de présentations des groupes qui les ont influencé :
Depuis fin 2018, l’extrême-droite se réorganise à Tours. De quelques autocollants collés ici et là, elle est passée à un mouvement qui se structure de plus en plus solidement, autour de quelques organisations à l’activité de plus en plus soutenue.
Ces organisations, principalement Des Tours et des Lys et l’UDET, semblent dans une phase politique similaire au mouvement fasciste et nazi des années 1920, tentant de s’approprier les luttes et les méthodes militantes du mouvement ouvrier et des forces politiques progressistes, afin de se nourrir de la forte crise sociale que nous vivons.
Néanmoins, ces organisations conservent bien évidemment l’ADN raciste et xénophobe propre à l’extrême droite. Cette stratégie a été remise au goût du jour notamment par Casapound (en Italie) en 2003, et réintroduite dernièrement en France par le Bastion Social (dissout en avril 2019) dont Des Tours et des Lys est une résurgence locale.
N’oublions pas que c’est notamment en s’appuyant sur cette tactique d’appropriation temporaire de luttes progressistes que le fascisme et le nazisme ont accédé au pouvoir dans les années 1920 et 1930.
La montée en puissance de ce type d’organisations d’extrême-droite, qui assume des positions bien plus radicales
que l’extrême-droite parlementaire et d’autant plus inquiétante que le gouvernement actuel (dans la continuité de ceux qui l’ont précédé) dote l’Etat de puissants moyens de surveillance et répression de la population (avec notamment le projet de loi Sécurité Globale). L’utilisation de tels moyens par la bourgeoisie néo-libérale actuellement au pouvoir s’annonce déjà extrêmement inquiétante ; mais si des personnes issues de ces organisations politiques extra-parlementaire (pour l’instant) finissaient par accéder à des postes de pouvoir, et donc à ces outils de répression, on ne pourrait qu’imaginer des conséquences humaines et politiques catastrophiques.
Des Tours et des Lys
Créé fin 2018, ce groupe semble se renforcer depuis début 2019. Il semblerait être composé d’une quinzaine de militant·es.
Des Tours & des Lys a débuté par quelques collages d’autocollants (qui se sont largement amplifiés depuis) pour aujourd’hui organiser des collages d’affiche, des maraudes, des cercles de lecture et de débats (qui lui donnera l’occasion d’inviter notamment le collectif Némésis), ramassages de déchets…
Sous quelques allures sociales et progressistes, les inspirations politiques de cette organisation se situent clairement à l’extrême-droite, et principalement l’extrême-droite antisémite : Charles Maurras (théoricien antisémite à l’origine du tournant royaliste de l’Action Française), Maurice Bardèche (fondateur du négationnisme et beau frère de R. Brasillach qui fut fusillé à la Libération), Alain Soral, François Duprat (homme politique et essayiste, négationniste et nationaliste-révolutionnai
Leur page Facebook est hautement révélatrice de leurs amitiés politiques : leurs publication sont régulièrement likées et commentées par des membres du Rassemblement National (ex-FN), par des Loups Turons*, et par diverses résurgences du Bastion Social* telles que l’Alvarium (basée sur Angers, avec qui il y a eu plusieurs rencontres physiques).
U.D.E.T
Crée fin 2019, l’Union Des Etudiants Tourangeaux est la version étudiante du groupe néo-fasciste Des Tours et des Lys.
Ses militants tractent et collent leurs stickers aux alentours de bâtiments universitaires, mais aussi devant les lycées. Cette organisation met elle aussi en avant des revendications sociales (gratuité des transports en commun, distribution d’aide alimentaire).
Les thématiques de droites et d’extrême-droite ne sont pas abandonnées pour autant : la méritocratie, chère à la droite pour justifier les inégalités, est particulièrement mise en avant. De plus, l’UDET joue la carte de la surenchère sécuritaire en demandant l’installation de nouvelles caméras. Dans sa profession de foi, elle va même jusqu’à inventer une gratuité d’inscription dont bénéficieraient les étudiants étrangers alors même que leurs frais d’inscription ont explosé ces dernières années.
Lors du dernier mouvement contre la réforme des retraites, l’organisation revendique l’attaque violente contre les occupants de la faculté des Tanneurs et se targue sur son Facebook de vouloir « redonner une leçon de boxe et surtout de virilité » aux étudiant·es mobilisé·es.
Cela ne les empêche pas de se présenter aux dernières élections étudiantes (sans que cela suscite l’emoi de l’administration de l’Université, son président Philippe Vendrix étant certainement trop occupé par les accusations de harcèlement moral et sexuel à son encontre), où elle s’allie avec l’autre organisation étudiante d’extrême-droite, La Cocarde Étudiante pour former la liste « Cap à droite ».
Les Loups Turons
Groupe affinitaire néonazi né à la fin des années 2000 ayant regroupé une 20aine de (plus ou moins) jeunes au plus fort de son activité (en parallèle de Vox Populi, groupe politique plus présentable que les Loups Turons, mais néanmoins largement à droite du RN (ex-FN).
Il a permis de fédérer voire structurer la mouvance boneheads (skins néonazis) et la visibiliser autour de l’action politique au-delà du seul tryptique BBR : baston, bière, RAC (Rock Against Communism), notamment en participant à des « marches de la fierté tourangelle » au flambeau.
Mouvance en dormance depuis l’auto-dissolution de Vox Populi en septembre 2014, mais de forts liens interpersonnels demeurent.
Au moins un de leur membre est devenu militant du Bastion Social.
Pour plus de détails, voici un dossier largement renseigné sur les Loups Turons, datant de 2013 :
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Présentation complète des groupes sur le facebook du CAT ici