Le maire Front national de Cogolin (Var), Marc-Etienne Lansade, a engagé comme chargé de communication un certain Julien Langella (info révélée sur le site Place publique), longtemps cadre identitaire de la région et initiateur d’une campagne sur internet pour la réhabilitation de Benito Mussolini.Le FN se normalise, paraît-il : pourtant, les Identitaires nostalgiques du fascisme historique y restent les bienvenus, tout du moins localement. Portrait du personnage…

Julien_Langella

Toulonnais d’origine né en septembre 1987, Julien Langella poursuit des études supérieures à l’IEP d’Aix en Provence en 2007. Il fait cette année-là ses premières armes en politique, en soutenant le candidat d’Alternative libérale pour les législatives. Mais cette expérience n’a pas l’air de l’avoir satisfait : en septembre, il décide d’adhérer aux Jeunesses identitaires, après avoir assisté à Marseille à une réunion du Club de l’Horloge local, dont le sujet était « Le combat identitaire : pourquoi ? comment ?  ». Étaient présents Fabrice Robert et Philippe Vardon, rejoints par Alain Soral qui était de passage ce jour-là pour une rencontre d’Égalité et Réconciliation.

Marseille, 06.03.2010
Manifestation à Marseille le 6 mars 2010. De gauche à droite : Jacques Bompard, Philippe Vardon, Julien Langella, Ronald Perdomo.

Julien crée ainsi une section des JI sur Aix, Jeunesses Identitaires Reconquista, en l’honneur de Guillaume 1er, le Jeanne d’Arc provençal, en s’appuyant au départ sur des étudiants militants de l’Action française, comme Pierre Vincent Lambert alias « PV la tortue » qui poursuit des études de droit, ou encore Alexandre Imbert, lui inscrit en lettres. Parmi les activités organisées par Reconquista : un "cercle d’étude Fréderic Mistral", des entraînements au sport de combat, un camp d’été. Se voulant régionaliste, le groupe s’implique notamment sur la lutte contre le tracé de la ligne TGV, mais aussi plus classiquement contre les Cercles de silence. Après l’échec des JI Massalia (antenne marseillaise des Identitaires, qui fera l’occasion d’un prochain article), Reconquista récupère une partie de ses militants, surtout les filles. Très vite, Langella gravit les échelons au sein des JI, jusqu’à être admis dans le forum interne destinés aux chefs de section (subtilement intitulé « Bokassa ») sous le pseudo de « Julien hobbit ».

Langella_Benito

Mais s’il joue la carte régionaliste à fond, Langella a d’autres influences. Ainsi, en mai 2008, il crée sur Facebook un groupe au nom assez explicite : « I love Benito Mussolini and I don’t care what 2 nd world war winners says » (« j’aime Benito Mussolini et je me fous de ce que disent les vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale »). Ce groupe a pour vocation de «  réhabiliter Benito Mussolini et son travail politique », en affirmant :
«  1. Mussolini a sauvé l’Italie de la tyrannie communiste ;
2. Mussolini a réconcilié l’État Italien et le Vatican ;
3. Mussolini a redonné à l’Italie un prestige international. »

Ce groupe compte 46 membres, majoritairement des Italiens évidemment, mais aussi une douzaine de Français. Parmi eux :
 Guy Bertrand de Balanda : issu d’une vieille famille Action française, son père fut incarcéré durant la guerre d’Algérie ; il était candidat aux dernières municipales sur la liste du FN emmenée par le docteur Marandat aux dernières municipales.
 Jérémie Ferrer, membre à cette époque des JI Massalia, et sa copine d’alors, Héloïse Tartais. eux aussi candidats sur les listes du candidat FN Marandat.
 Danielle Espinasse Ferré, veuve d’un cadre du FN Marseillais et sa fille Eva, alors membre des JI Massalia et aujourd’hui chez les Antigones.
 Thibault Muller, membre des JI Massalia, un temps évoqué pour remplacer le responsable du groupe marseillais monté à Paris poursuivre ses études.

Langella_Ligue_du_sud

Poursuivant son ascension au sein des identitaires, Julien est candidat sur la liste varoise de la Ligue du Sud emmené par Jacques Bompard (avec qui le Bloc Identitaire entretient de très bons rapports), puis cofondateur de Génération Identitaire et animateur d’ateliers lors des derniers camps d’été du mouvement, avant d’être mis en examen pour l’occupation du chantier de la mosquée de Poitiers.

En août dernier, il animait encore un atelier d’histoire intitulé « l’histoire de l’idée européenne » dans le cadre de la 2ème université d’été d’Academia Christiana, une association créée en 2003 dans la mouvance de la Manif pour Tous, et dirigée par un étudiant de Paris IV, Victor Aubert, qui se veut une école de formation intellectuelle et de promotion de l’engagement chez les jeunes cathos.

Selon ses déclarations, il aurait quitte Génération Identitaire et adhéré au FN avant de venir proposer ses services à la nouvelle majorité de Cogolin. L’engagement d’un cadre identitaire par une mairie frontiste n’est pas une surprise : car si le Front national a connu ses derniers temps une forte poussée électorale, il souffre toujours de manière chronique d’un manque important de cadres ayant une véritable pratique de terrain.

On le voit, si la stratégie de dédiabolisation de Marine Le Pen a bien fonctionné vis-à-vis du corps électoral, elle a échoué sur plusieurs points. D’abord, elle n’a pas provoqué l’éclatement de la droite tant espéré, qui lui aurait apporte des suffrages et surtout les cadres compétents qui lui manquent. Ensuite, le Rassemblement Bleu Marine qui avait pour but de capter l’héritage souverainiste est resté une coquille vide (son principal animateur, Pierre-Marie Coûteaux l’a d’ailleurs quitté avec perte et fracas).

Ainsi, le cas Langella est loin d’être un cas isolé : dans l’entourage de Ménard à Béziers, on retrouve deux cadres identitaires comme Christophe Pacotte et André Yves Beck ; à la fédération de Moselle, Arnaud Naudin alias « Arnaud Menu » un des responsables de Novopress, a été engagé comme assistant du groupe FN au conseil régional ; le porte-parole lyonnais de Génération identitaire, Damien Rieu, est le directeur adjoint de la communication à la mairie FN de Beaucaire (Gard).…

Après le refus de Marine Le Pen d’accepter les identitaires sur ses listes (cf. Philippe Vardon), le dirigeant des identitaires Fabrice Robert sait que sans débouché politique, son mouvement atteindra vite ses limites (restant un « agitateur d’idées »), et il compte bien sur les faiblesses de l’appareil logistique du Front mariniste, ses soutiens en interne (Rachline, Châtillon, Penninque) et sur les logiques locales pour arriver à ses fins, quitte à passer par la porte de derrière…
La Horde