Autre temps, autre mœurs : alors qu’en 2002, c’est près d’un million de personnes qui étaient descendues dans la rue pour crier leur désarroi face aux résultats de Jean-Marie Le Pen arrivé au second tour de l’élection présidentielle, aucune réaction populaire ou presque n’a fait suite à l’arrivée en tête du Front national aux dernières élections européennes. H ier, mercredi 28 mai, 500 personnes à Lille et 700 personnes à Brest manifestaient contre le FN, dont de nombreux jeunes, mais cela ne peut masquer l’incapacité du mouvement antifasciste à mobiliser massivement. Dans ce contexte, le Collectif Antifasciste de Reims propose une rapide analyse des résultats et des circonstances qui montre plus que jamais la nécessité de la résistance antifasciste. 

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NON, le FN n’est pas le premier parti de France. D’une part, il ne s’agissait pas dimanche dernier d’un scrutin à visée nationale, et d’autre part la véritable gagnante de ces élections européennes est une nouvelle fois l’abstention. 

4.800.000 bulletins FN ont été glissés dans les urnes. Sachant qu’il y a plus de 46.000.000 d’inscritEs sur les listes électorales, le FN ne représente plus alors que 10,75 % des FrançaisEs en âge de voter. Ce chiffre plus rassurant à prime abord ne reflète cependant pas la réalité de l’influence du FN. La banalisation de ses idées a gangrené la politique et par ricochet la société française. Aussi point de naïveté, parmi les abstentionnistes certainEs partagent l’idéologie d’extrême-droite. 

Répéter inlassablement que le vote FN est un vote sanction, de mécontentement... est rassurant. Bien sûr, beaucoup de FrançaisEs ne croient plus dans les politiques et certainEs s’expriment à travers ce vote radical irréfléchi, mais aussi désagréable que ce soit à entendre, le vote FN est majoritairement l’expression d’une adhésion au programme raciste du parti. Lorsqu’on interroge les personnes qui ont voté FN à ses élections européennes, la motivation première est l’immigration (à 64%) suivie, mais loin derrière, par le pouvoir d’achat (35%) (sondage IFOP).

Les meurtres au Musée juif de Bruxelles, l’approche de la commémoration de l’assassinat de Clément Méric n’ont pas réussi à susciter un émoi suffisant pour enrayer cette nouvelle progression de l’Extrême-droite. Et désolant pour l’avenir, le vote FN augmente de façon inversée à l’âge des électrices et électeurs, ainsi le FN atteint 30% chez les moins de 35 ans.

Les journalistes préfèrent parler de vague europhobe plutôt que de montée de l’extrême-droite et des partis populistes. Et si toute l’Europe s’émeut de l’avènement du FN, d’autres pays ont été frappés par des scores record de l’extrême droite. Sont arrivés en tête Droit et Justice en Pologne (32,3%), l’UKIP au Royaume-Uni (27,5%), le Parti du peuple danois (26,6%). En Hongrie, le Jobbik arrive en 2ème position avec 14,5%. En Grèce, L’Aube dorée atteint 9,4%. L’Allemagne est moins touchée mais enverra tout de même le député néo-nazi Udo Voigt du NPD (qui aime à répéter que son modèle politique est Jean-Marie Le Pen).

Il est important d’être aujourd’hui dans la rue, mais il ne suffit pas de s’émouvoir ou crier son indignation face à la montée de l’extrême-droite, il faut s’organiser et agir.