Samedi 7 novembre au matin, ce sont plus de 200 personnes qui se sont réunies sur la place centrale de Pouilly en soutien aux migrants.
Bien que privés des banderoles et de sono par une gendarmerie déployée massivement afin de prévenir tout débordement largement fantasmé par les médias au cours de la semaine passée, un large soutien a pu s’exprimer [1]. Pour autant, les forces de l’ordre en ont également profité pour procéder à de nombreux contrôles d’identité. Elles ont même arrêté une personne migrante, tentant de l’emmener au commissariat. C’était sans compter sur une réaction immédiate des manifestant-e-s qui ont marché ensemble jusqu’au véhicule de police dans lequel il se trouvait, exigeant sa libération immédiate. Une telle arrestation était intolérable, de surcroit en un pareil moment. Il est finalement ressorti, sous les hourras joyeux, symbole d’une solidarité palpable ce matin.
La journée s’est pousuivie par un repas africain au bord du canal à quelques pas du centre-ville. Dans la chaleur automnale se sont entremêlés matchs de foot, concerts, discussion et rencontres dans une ambiance de fête. Seul bémol, les résidents du centre d’hébergement de Pouilly ont du rester cloîtrés dans leurs locaux. En effet, à aucun moment ils n’ont pu rejoindre la fête, privés de sortie. Même les plus déterminés à participer à la mobilisation ont fini par être découragés par ceux qui prétextaient assurer leur sécurité, policiers et responsables de leur structure d’accueil.
L’annonce de cette journée de soutien avait poussé la préfecture de côte d’or, qui semblait fermer les yeux malgré un appel clairement raciste, à interdire le rassemblement anti-migrants du Parti de la France [2].
Les patrons du parti, Thomas Joly et Carl Lang, avaient quand même fait le déplacement jusqu’au Courtepaille du coin pour une conférence de presse, entourés "au cas où" [3] d’une poignée de skinheads, probablement des amis de Sandrine Debode (cf. infra) et d’un proche de Joly, Werner Riegert, leader du défunt Picard Crew, un groupe de skins ouvertement néonazi qui avait défrayé la chronique il y a quelques mois.
Mais c’est surtout aux militants locaux du PDF que l’on devait cette initiative : la première, Sandrine Debode, est au bureau politique du PDF, déléguée départementale pour la Saône-et-Loire, très présente sur toutes les manifs de la droite radicale (Jour de colère, hommages à Jeanne d’Arc) et maman poule de quelques jeunes skins en Bourgogne, qui collent pas mal dans la région ; le second, Benjamin Lematte, est délégué départemental adjoint du PdF pour la Saône-et-Loire. Déjà convoqués pour des dégradations sur le centre d’accueil de Pouilly, qui a reçu une soixantaine de réfugiés aussitôt qualifiés de " présence massive d’immigrés " par le PDF, nos deux zozos se sont malgré tout permis de récidiver.
Mais ce jour-là, par leur présence, les migrants, les habitant-e-s de Pouilly et les personnes solidaires venues des communes voisines ont clairement affirmé leur refus de voir débarquer à Pouilly ces groupes haineux et leurs idées. Le message est clair, ce sont bien eux qui sont étrangers à nos vies, ils n’ont rien à faire à Pouilly ni ailleurs !
La Horde
(avec les infos des militants locaux)