Chenu_Le Pen

Le FN se retrouve à nouveau au cœur de l’actualité après la révélation de l’homosexualité de Philippot (un secret de polichinelle, soit dit en passant) et le ralliement au FN de Sébastien Chenu, laissant penser que le partie Marine Le Pen serait devenu plus tolérant à l’égard des LGBT, alors que nombre de ses représentants sur le terrain font preuve d’une homophobie assumée. L’Entente, un site antifasciste d’analyse du discours du Front national a publié une lettre ouverte au co-fondateur de Gaylib dans laquelle sont listés plusieurs dizaines d’exemples de propos ou d’attitudes ouvertement homophobes tenus par des élus, des cadres ou des candidats FN ces trois dernières années. En voici quelques extraits (la lettre intégrale est à retrouver sur le site de l’Entente).

12 décembre 2014
M. Chenu,

Vous avez officialisé, ce jeudi, votre ralliement au Rassemblement Bleu Marine en tant que conseiller à la culture. Ancien cadre de l’UMP, vous êtes surtout connu comme cofondateur de GayLib, association libérale qui milite pour les droits des LGBT et dont vous n’êtes plus membre depuis 2012.

Vous ne reniez cependant pas cet engagement passé, et continuez à défendre les droits des homosexuels. Il nous semble dès lors nécessaire de vous informer, et de révéler, l’ampleur des propos à l’encontre des homosexuels que tiennent les cadres, élus et candidats du FN, et notamment sur les réseaux sociaux. […]

Bruno Lemaire, conseiller économique du FN, qualifie lui le mariage homosexuel (à moins qu’il parle de Pierre Bergé) de « Satan », parle d’un « beau commentaire » pour un message qui explique qu’il « existe malheureusement des Français homosexuels » […]

Jean-François Sauvage, cofondateur du collectif FN des enseignants, écrit sur son compte Facebook : « on ne dit pas « la cause LGBT », mais « à cause des LGBT »… » Il parle aussi de « LGTasse », et désire « préciser quand même que la réforme est pour le moment assez timide : seuls les étrangers homosexuels & « pour tous », ayant acheté leurs enfants à Los Angeles ou en Thaïlande, pourront voter aux élections locales (le retour du cens, en quelque sorte). Dans un second temps seulement les français hétérosexuels seront obligés de voter aux élections européennes, sous peine de sanctions (obligés de « bien » voter, évidemment, & pour les couples mariés le nombre de voix sera calculé sur la base de leur nombre de parts fiscales) ». […]

Catherine Rouvier, candidate aux municipales à Aix-en-Provence, déplore elle, comme l’a révélé Rue89, les « tristes amours anales ».

Anne-Laure Maleyre, candidate aux législatives, municipales et européennes à Issy-les-Moulineaux, fait pour sa part un amalgame entre homosexualité et pédophilie.

Marion Maréchal-Le Pen elle-même, lors de l’université d’été du parti à La Baule en 2013, a déclaré que (14’50) « peut-être plus surprenant encore, cette espèce de langage policé par les agences de com’ pour les mesures, vous savez, qui ne sont pas très populaires, donc qu’il ne faut pas dire telles quelles, parce que cela risquerait de faire gronder un petit peu la population […] dans le même domaine, on ne dit plus homosexuel, on dit LGBT. Alors je ne sais pas si ça vous… moi, personnellement, cela m’a interpellée. LGBT, c’est lesbiennes, gays, bisexuels, trans [huées du public]. Ok. Alors moi j’ai envie de dire bref, ONVPC : on nous prend vraiment pour des cons ». […]

Richard Jacob, conseiller municipal FN à Auxerre jusqu’aux dernières élections, a été condamné à six mois de prison avec sursis et deux ans d’inéligibilité pour violences et propos homophobes. Il a fallu attendre qu’il dénonce la ligne politique de Marine Le Pen pour qu’il soit suspendu du parti, six mois après sa condamnation. […]

Aymeric Chauprade, eurodéputé et géopoliticien du FN, a assisté à une rencontre en Autriche le 31 mai dernier motivée, entre autres, par la lutte contre « le satanique lobby homosexuel ». […]

Lydia Schénardi, conseillère régionale de Provence-Alpes-Côte d’Azur et élue municipale de Menton, a expliqué dans un entretien : « On parle de la traçabilité de la viande, mais est-ce qu’on pense à la traçabilité des enfants ? Un enfant qui naît dans un couple homosexuel, qui se sépare par la suite, les grands-parents qui sont-ils là-dedans ? ». Elle a ensuite affirmé qu’il existe un lien entre homosexualité et pédophilie. […]

Jean-Christophe Gruau, candidat et élu municipal FN à Laval, a vu plusieurs de ses propos être remarqués par Mediapart. Celui-ci se défend cependant d’être homophobe : « À partir du moment où aucun homosexuel ne pose sa main sur une partie de mon corps avec le désir de prendre du bon temps, je considère que leur sexualité ne regarde qu’eux-mêmes ». […]

Bianca Henin, cadre et candidate du parti en Nouvelle-Calédonie, diffuse une vidéo qui affirme que « la France éduque et forme un peuple homosexuel, pervers et de racailles ».

Un communiqué du Front national, écrit par Jean-Marie Le Pen, a récemment affirméque l’Union Européenne cherchait à « ériger l’homosexualité au rang de ses valeurs ». Bruno Gollnisch ne dit pas autre chose.

La fédération FN du Lot relaye un article qui affirme que la « théorie du genre » est l’œuvre d’une « bande de gouines enférocées par leur désir de revanche sur le mâle ».

Marine Le Pen a tenu des propos ambigus sur Bertrand Delanoë en 2003, le qualifiant de « figure de proue de la gauche pailletée, friquée et froufroutante ». La polémique qu’elle avait lancée sur Frédéric Mitterrand reposait, elle, sur une confusion entre homosexualité, prostitution et pédophilie. Marine Le Pen a aussi propagé de fausses rumeurs sur des interventions de militants LGBT devant les élèves. […]

Une manifestation de Civitas contre « l’homofolie » a réuni, fin 2012, plusieurs plusieurs cadres du parti : Marie-Christine Arnautu, Alexandre Simonnot, Cyril Bozonnet, Jean-Marc de Lacoste-Reymondie et Gonzague Malherbe. Comme le relève le blog des Droite(s) extrême(s) du Monde.fr, Bruno Gollnisch et Gilbert Collard devaient aussi venir. Jean-Claude Philipot, cadre de Civitas, est aujourd’hui conseiller municipal FN à Reims, et continue à dénoncer « l’homofolie » sur Twitter.

L’avocat Frédéric Pichon, figure et avocat du Printemps français, a été candidat sur la liste Île-de-France du FN pour les élections européennes. Marion Maréchal-Le Pen est proche de cette mouvance. C’est aussi le cas d’autres élus et cadres du FN : une candidate aux législatives avait par exemple revendiqué la double appartenance. Béatrice Bourges avait par ailleurs été accompagnée, dans sa grève de la faim de janvier dernier, par une cadre du SIEL, deuxième parti du Rassemblement Bleu Marine.
L’Entente