A l’occasion du 11 novembre, Marine le Pen était aux côtés de Franck Briffaut, le maire FN de Villers-Cotterêts, pour déposer une gerbe sur le monument aux morts de la commune. Elle espérait sans doute être accueillie par une foule en délire, finalement l’évènement a surtout réuni d’anciens militants du FN qui l’accompagnaient, et des personnes hostiles au FN.
Apprenant la venue de Marine le Pen deux jours avant, des opposants au FN sont venus lui montrer qu’elle ne pourrait pas pavoiser tranquillement dans les rues de la ville. L’ambiance était déjà donnée lorsque le matin la marée-chaussée, bien présente pour l’occasion dans cette petite ville, avait annoncé que banderoles et slogans ne seraient pas tolérés. De grands moyens pour éviter que ne se reproduisel’échec du déplacement de Marine à Soissons fin septembre, qu’elle avait dû écourter sous la pression des habitants et des antiracistes.
Le matin Franck Briffaut, le maire de Villers, a profité de cette cérémonie traditionnelle, pour développer des thèmes chers au FN et faire allusion aux migrants, qui constitueraient selon lui une menace pour la patrie. Sur son passage, il n’a pu s’empêcher de fustiger les manifestants anti-FN, en n’hésitant pas à les désigner comme ’une honte pour tous les morts’ ! Une lecture bien particulière de l’Histoire... En début d’après-midi, l’égérie du FN est venue faire un petit discours, au monument puis dans une salle communale, entourée d’un public composé de son service d’ordre, de quelques conseillers municipaux et candidats FN aux régionales, et de vieux militants venus des autres départements de la région, pour étoffer l’assemblée - une cinquantaine de personnes environ. Son passage sur la commune a été malgré tout perturbé par des jets d’œufs et de pommes, pour lesquels une personne a été arrêtée par ses gros bras, assistés de la police.
A chaque passage dans l’Aisne, Marine Le Pen peut s’attendre à ne pas être bien accueillie.
Le FN, une histoire de familles (nombreuses)
Parmi ces anciens militants FN, était présente l’eurodéputée Mylène Troszczynski, la belle-fille de Michel Guiniot, délégué régional du FN, membre du Bureau Politique du FN et de la commission d’investiture, et candidat aux régionales. Elle avait fait parler d’elle en publiant sur son compte twitter une photo de femmes en voile intégral, en affirmant qu’elle avait été prise devant la CAF de Rosny-sous-Bois, alors qu’il s’agissait d’un montage (voir article du Monde).
Dans l’assistance se trouvait aussi Mireille Chevet, candidate en 4ème position sur la liste FN de l’Aisne pour les régionales, dont le père Pierre Pinatel est un caricaturiste proche de l’extrême-droite depuis la fin des années 50. Il a collaboré à la presse de Tixier-Vignancourt, avant de devenir caricaturiste pour des journaux comme Crapouillot, Minute, National Hebdo ou Valeurs actuelles. Mireille Chevet marche aussi dans les pas de sa mère Colette Fecci-Pinatel, proche de Bruno Gollnisch, ancienne conseillère régionale FN de Picardie, aujourd’hui conseillère municipale à Chateau-Thierry. Dans la famille Chevet, il y a aussi le mari Gilles, adhérent au FN depuis 1985, qui s’est présenté plusieurs fois sur leurs listes dans le sud de l’Aisne. La commune de Villers Cotterêts, dont le maire est adhérent au FN depuis la fin des années 70, a bien sûr pensé à Mireille Chevet pour animer un atelier de caricatures au musée Alexandre Dumas en octobre.
Prudence Tan : Une militante catholique intégriste à Villers-Cotterêts
Dans l’assistance, se trouvait également Prudence Tan, une militante des milieux catholiques intégristes, directrice de cabinet de Jacques Bompard jusque fin 2014, le maire d’Orange (Ligue du Sud). Elle s’est installée début 2015 à Villers-Cotterêts, où on lui a confié le poste de responsable du service communication de la municipalité, qu’elle n’aura occupé que 6 mois. Elle était autrefois proche de Jean-Marie le Pen, dont elle avait pris la défense dans la revue Présent, alors qu’il avait des déconvenues avec la justice, après s’être accroché avec des militants anti-FN à Mantes-la-Jolie en juin 1997. Au début des années 2000, elle fréquente les anciens responsables du FN, dont Bompard, Bernard Antony (réseaux catholiques intégristes de Toulouse), qui critiquaient l’influence croissante de Marine le Pen. Elle participe en 2000 à l’université d’été de Chrétienté Solidarité, et intervient en 2004 à l’université de l’Esprit Public et du Pays Réel (voir articleReflexes), organisée à Orange, une tentative de récupération des militants FN déçus par les orientations du parti à cette époque, qui avait échoué. Parachutée dans la région, Prudence Tan, qui figure en 8ème position sur la liste FN de l’Aisne pour les régionales, espère bien récupérer un poste à l’issue des régionales, en se ralliant à Marine le Pen.
La Horde
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