Lu sur le site de la Brigade Antifasciste Strasbourg :
Le 13 janvier, le Bastion Social Strasbourg accueillera à son bar L’Arcadia, pour sa première conférence, un personnage tristement connu pour avoir du sang sur ses mains.
Gabriele Adinolfi a été protagoniste de l’extrême-droite extraparlementaire en Italie dans les Années de Plomb, à l’heure où les fascistes faisaient exploser des bombes dans les gares[1], les places[2], les banques[3], les trains[4], les foires[5]… assassinant des innocents à l’aveugle. Le tout était couronné par la liste infinie d’exécutions et assassinats ponctuels[6], des agressions, ravages et incendies dans les locaux des radios et partis de gauche. C’était l’heure aussi où les fascistes, une partie de l’armée et des services secrets italiens pratiquaient à l’unisson (au sein de l’occulte Organisation Gladio) la « stratégie de la tension », appuyés par le Département d’Etat de Washington DC et par l’ambassade états-unienne de Rome : avec la multiplication des attentats et l’inculpation pour ceux-ci des militants communistes et anarchistes, le but était de favoriser un coup d’Etat militaire en Italie.
Adinolfi a fourni les armes théoriques au déploiement du terrorisme « noir » en Italie . Il a pris part à la fondation et a milité dans les organisations Terza Posizione (« Troisième position ») et NAR – Nuclei Armati Rivoluzionari (« Noyaux armés révolutionnaires »), responsables d’une grande partie des massacres fascistes des années 1970-1980. Le 28 août 1980 la justice italienne lança un mandat d’arrêt international contre Adinolfi et 27 autres militants fascistes lors de l’enquête sur l’attentat de la gare de Bologne (du 2/8/1980, 85 morts, 200 blessés). Adinolfi pensa bien de prendre la fuite et s’établit finalement en France. Soudain, le célèbre slogan fasciste Boia chi molla (littéralement « Celui qui abandonne la lutte est un vil assassin ») lui colla parfaitement. Le 23 septembre 1980 la justice italienne lança un nouveau mandat d’arrêt contre Adinolfi et une quarantaine de membres de Terza Posizione , avec l’accusation d’« association subversive ». Adinolfi se cachait toujours à Paris et continuait la publication d’articles pour les revues fascistes italiennes. Il a été néanmoins condamné en 1986 pour délit d’association de malfaiteurs et de délinquance pour idéologie lors des procès à la fois contre Terza Posizione et les NAR [7]. Si Adinolfi a pu rentrer légalement en Italie en mars 2000, ce n’est donc pas parce qu’il a été jugé non coupable, mais seulement car ses peines ont fait l’objet de prescription 20 ans après. Son retour a marqué une reprise de ses activités idéologiques et militantes, au sein des revues Polaris , Orion et NoReporter et des centres d’études Lanzichenecchi et EurHope , des instituts confusionnistes et complotistes entendant lutter contre le « nouvel ordre mondial » par le repli identitaire . Citons-le : « Le fait le plus hallucinant est que ces prétendus anti-racistes sont en réalité pluri-racistes, puisqu’ils ne défendent pas les identités autrui menacées par d’autres identités, mais ils veulent détruire toutes les identités en imposant une seule, celle des plèbes américanisées ». Lui, il a tout compris !
Dans les années 2000, Adinolfi s’est impliqué directement dans la construction de la base théorique du mouvement facho-mafieux de CasaPound à Rome (celui qui tabasse les opposants et les journalistes), qui n’est rien d’autre que la référence idéologique du Bastion Social. Adinolfi continue ainsi de faire vivre la tradition du terrorisme fasciste . Il a restauré la cérémonie du piquet d’honneur devant la crypte de Benito Mussolini. Il soutient les activités de Pravy Sektor (« Secteur Droit »), groupe nazi et paramilitaire ukrainien, complice du coup d’Etat du 22 février 2014 et auteur de massacres contre les populations du Donbass[8]. Il a adressé une lettre ouverte au mouvement homophobe « La Manif Pour Tous » incitant ses membres à se radicaliser et à être prêts à aller en prison : « Rappelez-vous qu’il n’y a aucun Dieu qui prenne les armes à la place de qui, au lieu de se battre, prie »[9]. Il a enfin essayé de récupérer la figure d’Ernesto « Che » Guevara pour en faire un héros national-socialiste. Le Che doit bien en rigoler : « Jusqu’au jour où la couleur de la peau ne sera pas considérée comme la couleur des yeux nous continuerons à lutter ».
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