GrenobleCartographie des extrêmes droites Grenobloises avril 2025

Le JLAG mène une veille antifasciste qui lui a permis de réaliser une mise à jour de sa cartographie de l’extrême droite grenobloise qui datait d’octobre 2024. Cette cartographie propose une vision d’ensemble sur la nébuleuse nationaliste grenobloise, allant de la droite extrême et réactionnaire jusqu’aux groupuscules nazis en passant par les liens avec la sphère complotiste et de son évolution. C’est un bon complément à notre carte des groupes d’extrême droite.

La vague de fascisation de la société ne peut pas être ignorée. Nous nous devons d’avoir un oeil sur certaines dynamiques. L’Isère et Grenoble en fait partie. Face à l’avancé récente des députés R.N dans le Nord-Isère et la constitution de groupe nationaliste à Grenoble, nous veillons sur tout les signes possibles et imaginables : racontars, polémiques, graffitis, destructions, agressions, les droites extrêmes et réactionnaires ne sont jamais très loin.

Cette carte est actuelle, pour autant nous sommes les héritier.e.s du travail de veille effectué par d’autres. En nous inspirant de ce qu’a déjà fait la Horde et les Kommanches, cette cartographie propose une vision d’ensemble sur la nébuleuse nationaliste. Nous avons surtout essayé de raconter les liens qui existent entre les différents courants, groupes et personnalités.

Depuis 2023 : état des lieux à Grenoble

Pour l’instant, aucun groupe n’arrive à réunir derrière lui toutes les composantes d’extrême droite. Cependant quatre pôles plus actifs émergent : l’UNI, Reconquête38, les cercles de « réflexion » et les catholiques intégristes.
Cette cartographie propose une vision d’ensemble des dynamiques militantes de l’extrême droite et ses allié.e.s dans l’agglomération et aux alentours. Elle est accompagnée d’une description plus détaillée de chaque groupe que nous essayerons d’alimenter au fur et à mesure. La banalisation de l’extrême droite dans la société ne peut pas être ignorée ni minimisée.
Nous sommes les héritier.e.s du travail de veille effectué par les militants qui nous ont précédés, les Komanches et la Horde et nous continuerons d’avoir un oeil sur les dynamiques de l’extrême droite grenobloise.
Cette cartographie est une version actualisée sans mise en avant des « leaders » de ces
groupes. Nous avons cherché à representer les dynamiques et les liens entre les diffèrentes
tendances de l’extrême droite.

En souvenir des Francs-Tireurs et Partisans-Main d’Oeuvre Immigrée (FTP-MOI) de Grenoble.

Les Électoralistes

Nous remarquons dans l’Isère et à Grenoble un glissement progressif de l’électorat de droite des Républicains vers le RN. Des partis-croupion comme VIA, Debout la France ou Reconquête ! servent au transfert des militants et d’électeurs vers la bande de Le Pen.

Des cercles de réflexion, le Cercle Bayard ou Centre Lesdiguières contribuent à rassembler responsables, adhérents ou sympathisants autour de thématiques communes et de questions d’actualité. Ces cercles espèrent créer les bases d’une « Union des droites ».
Le transfert des électeurs se fait à bas bruit, les responsables de la droite faisant la course avec les leaders d’extrême droite.
La « trahison » du président des LR n’est qu’une conséquence d’un processus engagé depuis plusieurs années. Elle s’accompagne d’une prolifération nauséabonde de contenus haineux et racistes.

L’UNI tourne définitivement le dos à ses valeurs gaullistes en rejoignant « l’alliance des Droites » aux côtés du RN et de Marechal Le Pen. Elle est concurrencée sur le campus par la Cocarde Étudiante. Créée par des jeunes lepénistes, elle a subi un échec électoral retentissant. Disparu depuis la rentrée 2024 sur le campus.

Les Complotistes

Deux ans après sa création, GreLiVe semble s’être réduit à peau de chagrin. Les participants se sont dispersés et sans grossir les rangs des autres collectifs qui étaient présents à leur coté (tels que Civitas, E&R et ou les Patriotes).
Égalité & Réconciliation 38 rassemble des complotistes de tout genre, des antisémites et des survivalistes qui préparent la fin du monde. Ils se retrouvent dans la prose de Soral qui associe « la gauche du travail » et « la droite des valeurs » contre le « Système » dirigé par « la gauche bobo-libertaire et la droite libérale ».
Civitas, dont la devise est « Dieu-Patrie-Famille » est un parti politique, à dimension internationale, dissout en 2023. Xénophobe, islamophobe et homophobe, ce parti est issu de la Fraternité-Sacerdotale-Sainte-Pie-X (FSSPX). Il prône un intégrisme religieux et une suprématie chrétienne. Franck Sinisi et Alexandre Gabriac, deux anciens membre du FN, étaient les figures importantes de la structure grenobloise.
Des stickers de La Rose Blanche, issu du mouvement Qanon pro-trump et antivaccin, ont été collés pendant les manifestations anti-vac. Ils révèlent l’impact d’un confusionnisme et d’un antisémitisme notoire.

Les Réactionnaires

Nous ne les voyons pas souvent, mais les cathos intégristes ont déjà créé leur propre « communauté ».
La Fraternité St Pie X a comme but de rechristianiser l’Europe et la France. Leur objectif est de séparer les chrétiens de la société. Pour cela, ils créent des écoles hors contrat ne
respectant pas les obligations scolaires, des associations de jeunesse (scouts réacs, Chapitre
Sainte Madeleine
, pèlerinage), adorent les messes en latin, et refusent toute modernité.
Ces cathos intégristes étaient au premier rang de la « manif pour tous » et des manifestations
refusant la GPA.
Alliance Vita est le vrai moteur de leur mobilisation ; leurs partis politiques n’ont pourtant
qu’une faible influence (Action Française, VIA) et ils s’enthousiasment par contre pour
Maréchal-Le Pen, la future « Jeanne d’Arc du XXIème siècle ».

Les Activistes

Ce dont nous parlions en mars 2023 semble être arrivé, l’émergence d’un groupe politique
néo-facsiste.
Le tout nouveau Groupe National Défense (G.N.D), revendiquant 4 membres à Grenoble, et une vingtaine nationalement fait l’apologie des chambres à gaz et appelle à la violence contre les personnes LGBT+. etc. Après une radicalisation express, ils ont tenté d’agresser un cortège de soutien à la Palestine et multiplient des tags nazis dans les rues de Grenoble et Fontaine. Depuis plusieurs semaines, ils se font plus discrets. On peut observer certains anciens membres du G.N.D dans des groupes de « lutte contre les pédos ». Nouveau en France, il existe à l’échelle internationnal plusieurs groupe sur des canaux de discussions Télegram revendiquant une lutte « contre les pédophilles ». Pour autant ils associent pédo-criminalité à immigration, « élite judéo-sataniques » et « pédéraste »*. Mélangeant le virilisme à la Poutine et le complotisme américain, ces groupes ont pour boussole politiques la lutte contre l’existence d’un Etat « caché » (Deep State) où ses élites commettent les pires atrocités envers les enfants sur fond d’idéologie raciste. Ils s’inscrivent sur des sites de rencontres types Grindr, Coco, etc, contact d’autres usagers, les pièges, échanges des informations avec d’autres militants d’extrême droite et leurs tendent des traquenards. Violences, humiliations, extorsions d’argents sont le lots lors des rendez-vous des utilisateurs des sites de rencontres qui tombent sur ces « anti-pédo » d’extrême droite.
Active Club Dauphiné, existe tant bien que mal à coup de comm’ assez peu cohérente. N’assumant aucune confrontation, ils vivotent dans leurs sessions d’arts martiaux. De parc en parc, et de city stade en city stade, ils essayent de se constituer en groupe stable. Très peu actif publiquement nous avons pu observer l’existence de liens avec différents Active Club France autour de la bagarre, ainsi que l’existence de rencontre régulière avec des groupes néo fasciste italien, le dernier en date est Avanguardia. Nous en avons retrouvé des traces sous formes d’autocollants Avanguardia dans les rues de Grenoble.
Némesis Grenoble, le collectif identitaire se revendiquant « féministe de droite » n’a jamais réussi à éclore à Grenoble malgré un soutien de Valence Patriote (devenu Obelio). C’est encore un sacré échec.
Nous avons pu observer la présence de militant du Dauphiné Nationaliste sous la forme d’un drapeau brandie fièrement dans les médias lors du rassemblement raciste du collectif « Justice pour les notres » le 30.11 dernier à Romans-sur-Isère.

Les Cercles de Réflexions Nationalistes

Le plus ancien cercle de réflexion nationaliste a été créé en 1981 par les monarchistes de l’Action Française. C’est un cercle vieillissant mais qui associe des membres provenant de toutes les chapelles d’extrême droite. Reconquête 38 ! et les Patriotes 38 se retrouvent régulièrement aux conférences du Cercle Bayard. Ce groupe de réflexion milite « pour une démarche unitaire du camp national ». L’essentiel de ses « débats » tourne autour de positions très réactionnaires et surtout islamophobes.

Depuis 2012, seules deux actions ont pu rassembler ces collectifs : « la manif pour tous » et les manifs antivaccin.
Ces mobilisations ont rapproché des groupes de droite et d’extrême-droite pour défendre des valeurs rétrogrades. Ils ont permis de former de nouvelles générations de militant.e.s. Ils apparaissent aussi ensemble lors de certains faits divers (la mort de Lola, celle de Thomas), sont présents à des manifestations racistes et islamophobes (dénonciation du burkini) et ont même vainement tenté de rejoindre le mouvement des agriculteurs en Janvier 2024.

En conclusion,
Grenoble est antifasciste.