Le Jeannie Longo Antifa Gang (JLAG) mène une veille antifasciste qui lui a permis de réaliser une mise à jour de sa cartographie de l’extrême droite grenobloise qui datait de 2023. Cette cartographie propose une vision d’ensemble sur la nébuleuse nationaliste grenobloise, allant de la droite extrême et réactionnaire jusqu’aux groupuscules nazis en passant par les liens avec la sphère complotiste et de son évolution. C’est un bon complément à notre carte des groupes d’extrême droite.
Cartographie de l’extrême droite et ses allié.e.s à Grenoble et alentours Octobre 2024
Grenoble n’est pas un bastion de résistance antifasciste où rien ne se passe. Cette cartographie vise à retracer les liens entre les groupes de la nébuleuse nationaliste, des liens politiques, des liens organisationnels, des actions communes mais aussi des transferts de militants d’organisation à organisation et même des oppositions durables.
Pour l’instant, aucun groupe n’arrive à réunir derrière lui toutes les composantes d’extrême droite. Cependant quatre pôles plus actifs émergent : l’UNI, Reconquête38, les cercles de « réflexion » et les catholiques intégristes. Cette cartographie propose une vision d’ensemble des dynamiques militantes de l’extrême droite et ses allié.e.s dans l’agglomération et aux alentours. Elle est accompagnée d’une description plus détaillée de chaque groupe que nous essayerons d’alimenter au fur et à mesure. La banalisation de l’extrême droite dans la société ne peut pas être ignorée ni minimisée. Nous sommes les héritier.e.s du travail de veille effectué par les militants qui nous ont précédés, les Komanches et la Horde et nous continuerons d’avoir un œil sur les dynamiques de l’extrême droite grenobloise.
Les Cercles de Réflexions Nationalistes
Le plus ancien cercle de réflexion nationaliste a été créé en 1981 par les monarchistes de l’Action française. C’est un cercle vieillissant mais qui associe des membres provenant de toutes les chapelles d’extrême droite. Reconquête38 et les Patriotes se retrouvent régulièrement aux conférences du Cercle Bayard. Ce groupe de réflexion milite « pour une démarche unitaire du camp national ». L’essentiel de ses « débats » tourne autour de positions très réactionnaires et surtout islamophobes.
Les Électoralistes
Nous remarquons dans l’Isère et à Grenoble un glissement progressif de l’électorat de droite des Républicains vers le RN. Des partis-croupion comme VIA, Debout la France ou Reconquête ! servent au transfert des militants et d’électeurs vers la bande de Le Pen. Des cercles de réflexion, le Cercle Bayard ou Centre Lesdiguières contribuent à rassembler responsables, adhérents ou sympathisants autour de thématiques communes et de questions d’actualité. Ces cercles espèrent créer les bases d’une « Union des droites ». Le transfert des électeurs se fait à bas bruit, les responsables de la droite faisant la course avec les leaders d’extrême droite. La « trahison » du président des LR n’est qu’une conséquence d’un processus engagé depuis plusieurs années. Elle s’accompagne d’une prolifération nauséabonde de contenus haineux et racistes. L’UNI tourne définitivement le dos à ses valeurs gaullistes en rejoignant « l’alliance des Droites » aux côtés du RN et de Marechal Le Pen. Elle est concurrencée sur le campus par la Cocarde étudiante. Créée par des jeunes lepénistes, elle a subi un échec électoral retentissant.
Les Complotistes
Deux ans après sa création, Grelive semble s’être réduit à peau de chagrin. Les participants se sont dispersés et sans grossir les rangs des autres collectifs qui étaient présents à leur coté (tels que Civitas, E&R et ou les Patriotes). Égalité & Réconciliation rassemble des complotistes de tout genre, des antisémites et des survivalistes qui préparent la fin du monde. Ils se retrouvent dans la prose de Soral qui associe « la gauche du travail » et « la droite des valeurs » contre le « Système » dirigé par « la gauche bobo-libertaire et la droite libérale ». Civitas, dont la devise est « Dieu-Patrie- Famille » est un parti politique, dissout en 2023. Xénophobe, islamophobe et homophobe, ce parti est issu de la Fraternité Sacerdotale Sainte Pie X (FSSPX). Il prône un intégrisme religieux et une suprématie chrétienne. Sinisi et Gabriac, deux anciens membre du FN, étaient les figures importantes de la structure grenobloise. Des stickers de La Rose Blanche, issu du mouvement Qanon pro-trump et antivaccin, ont été collés pendant les manifestations anti-vac. Ils révèlent l’impact d’un confusionnisme et d’un antisémitisme notoir.
Les Réactionnaires
Nous ne les voyons pas souvent, mais les cathos intégristes ont déjà créé leur propre « communauté ». La Fraternité St Pie X a comme but de rechristianiser l’Europe et la France. Leur objectif est de séparer les chrétiens de la société. Pour cela, ils créent des écoles hors contrat ne respectant pas les obligations scolaires, des associations de jeunesse( scouts réacs, chapitre Sainte Madeleine, pèlerinage), adorent les messes en latin, et refusent toute modernité. Ces cathos intégristes étaient au premier rang de la « manif pour tous » et des manifestations refusant la GPA. Alliance Vita est le vrai moteur de leur mobilisation ; leurs partis politiques n’ont pourtant qu’une faible influence (Action Française, VIA) et ils s’enthousiasment par contre pour Maréchal-Le Pen, la future « Jeanne d’Arc du XXIème siècle ».
Les Activistes
Ce dont nous parlions en mars 2023 semble être arrivé, l’émergence d’un groupe politique néo-facsiste. Le tout nouveau Groupe National Défense (G.N.D), revendiquant 4 membres à Grenoble, et une vingtaine nationalement fait l’apologie des chambres à gaz et appelle à la violence contre les personnes LGBT+. etc. Après une radicalisation express, ils ont tenté d’agresser un cortège de soutien à la Palestine et multiplient des tags nazis dans les rues de Grenoble et Fontaine. Depuis plusieurs semaines, ils se font plus discrets. Active Club Dauphiné, existe tant bien que mal à coup de comm’ assez peu cohérente. N’assumant aucune confrontation, ils vivotent dans leurs sessions d’arts martiaux. De parc en parc, et de city stade en city stade, ils essayent de se constituer en groupe stable. Némesis Grenoble, le collectif de « féminisme de droite » n’a jamais réussi à éclore à Grenoble malgré un soutien de Valence Patriote (devenu Obelio). C’est encore un sacré échec.
En conclusion
Depuis 2012, seules deux actions ont pu rassembler ces collectifs : « la manif pour tous » et les manifs antivaccin. Ces mobilisations ont rapproché des groupes de droite et d’extrême-droite pour défendre des valeurs rétrogrades. Ils ont permis de former de nouvelles générations de militant.e.s. Ils apparaissent aussi ensemble lors de certains faits divers (la mort de Lola, celle de Thomas), sont présents à des manifestations racistes et islamophobes (dénonciation du burkini) et ont même vainement tenté de rejoindre le mouvement des agriculteurs en janvier 2024