Le Jeannie Longo Antifa Gang (JLAG) mène une veille antifasciste qui lui a permis de réaliser une cartographie de l’extrême droite grenobloise. En s’inspirant du schéma de la Horde, cette cartographie propose une vision d’ensemble sur la nébuleuse nationaliste grenobloise, allant de la droite extrême et réactionnaire jusqu’aux groupuscules nazis en passant par les liens avec la sphère complotiste. C’est un bon complément à notre carte des groupes d’extrême droite : on publiera très prochainement une autre carte locale, cette fois pour la Franche-Comté.
Les Électoralistes
À Grenoble comme ailleurs, le mouvement Reconquête de Zemmour tire sa base militante de Génération Zemmour (GZ) créé en 2021 pour soutenir la candidature du polémiste. Ils sont rejoints par des déçus du Rassemblement National, ces derniers n’ayant aucune implantation dans la métropole et par des ancien.ne.s militant.e.s des Patriotes 38, parti politique de
F. Philippot qui vivote dans notre ville.
Durant la période électorale de 2022, les partis Reconquête et Les Patriotes ont été rejoint par les militantes de Némesis Grenoble. Le collectif de « féminisme de droite » n’a jamais réussi à éclore à Grenoble (la mobilisation contre leur présence les a fortement marqué).
À cette période, l’Union des Droites a été ralliée par une partie de l’Uni qui a tourné le dos au barrage Républicain. L’Uni, syndicat étudiant de « la droite fière de ses valeurs » fut très engagé ces dernières années contre le port du burkini dans les piscines de Grenoble et contre la municipalité d’E. Piolle.
Depuis 2 ans environs, Reconquête 38, les Patriotes 38 et quelques autres nationalistes se retrouvent régulierement pour les confèrences du Cercle Bayard, dirigé par un pur produit de l’Union des Droites à la grenobloise passé par Debout la France. Ce groupe de réflexion milite « pour une démarche unitaire du camp national » et se retrouve « Au Cœur de l’Essentiel » à Saint-Martin-Le-Vinoux, la salle qui avait prévu d’accueillir récement le concert du rappeur nationaliste Millesime K à Grenoble. Suite à la mobilisation contre le rappeur et l’annulation du concert, le Cercle Bayard ne devrait plus être le bienvenu dans ces locaux qui ont accueillit des conférenciers aussi bien réactionnaire qu’islamophobe durant deux années (le prof islamophobe Klaus Kinzler fut invité en mai 2022).
En Avril, Reconquête à organisé une campagne d’affichage islamophobe, caricaturant une campagne contre les discriminations de la ville de Grenoble. Pendant les manifestations contre la réforme des retraites le parti
politique les Patriotes ont essayé de rejoindre les manifestations Grenobloises pensant faire oublier qu’ils sont d’extrême droite.
Les complotistes
C’est lors de la mobilisation contre le passe vaccinal que les Patriotes 38 ont commencé à entretenir des liens étroits avec GreLiVe (Grenoble Liberté et Vérité), le groupe complotiste local créé en 2020, qui a lui-même noué des liens forts avec Égalité et Réconciliation (E&R). Complotistes, antisémites et survivalistes, les militant.e.s d’E&R se réclamant de « la gauche du
travail et de la droite des valeurs contre le Système composé de la gauche bobo-libertaire et de la droite libérale ». Trop antisémite pour soutenir Zemmour dans un premier temps durant les éléctions, certains ont fini par se ranger derrière lui.
Les militant.e.s de ces 3 groupes s’affichent proches du groupe de La Rose Blanche initialement issu du mouvement Qanon pro-Trump et raciste, ces stickers anti-vaccin, ambiguës et confusionnistes ont émergé dans les cortèges et dans les rues de Grenoble depuis le début de la pandémie. En 2021, Civitas (parti national-catholique) participait à des soirées dans un ancien bar à Fontaine avec GreLiVe, Les Patriotes 38, E&R et d’obscures hommes politiques locaux (F. Sinisi) ainsi que des pétainistes ou des personnes se prêparant à la guerre civile. Ésotérisme, Sophrologie, monnaie locale et échanges de savoirs semblaient être les activités s’y déroulant. Le tout animé par François-Marie Perrier, président de GreLiVe.
Mais c’est avec Civitas chez les catholiques-traditionalistes qu’E&R forme une de plus étrange alliance, un collectif du nom de Solaris, se présentant comme un « Internet Humain » et un réseau d’entraide et de solidarité. Ce serait surtout un regroupement d’éco-fasciste, sur lequel il faudrait garder un œil. (cf le texte Reseau Solaris faux dissidents vrais écofascistes).
Les Réactionnaires
Civitas, dont la devise est « Dieu-Patrie- Famille », est depuis 2016 un parti politique ayant pour but de « peser sur les décisions des acteurs politiques, économiques et culturels en s’inscrivant dans un catholicisme fidèle à la doctrine traditionnelle de l’Église. Sans honte et sans mollesse ». Xénophobe, islamophobe et homophobe, ce parti issu de la Fraternité Saccerdotale Sainte Pie X (FSSPX) prône un intégrisme religieux et une suprématie chrétienne. Depuis 2013 et la loi du Mariage pour Tous, Alliance VITA, la Marche pour la Vie et FSSPX sont dans le collectif organisateur de la Manif pour Tous.
Toujours dans la lignée réactionnaire et catholique on retrouve dans l’aglomération un groupuscule ultraminoritaire, Verum et Fida, organisation de « jeunesse catholique éveillée » fondée en 2022 et très peu active. Cependant, les membres ont connu dans leur parcours politique le syndicat étudiant l’Uni et le collectif identitaire Némesis avant de fréquenter Active Club. Ils représentent bien le mélange dans les trajectoires de militant.e.s et le glissement des idéologies.
Originellement un groupe de suprémacistes blancs tout droit importé des Etats-Unis, Active Club est un regroupement de militant.e.s, sans être un parti, ni une inter-organisation. Leur seule ligne politique est « Communauté-Sport- Nationalisme » et la bagarre. Chose surprenante cette devise leurs permet d’attirer à Grenoble beaucoup de déçus de la foi. Fréquenté par l’Action Française (historique parti politique monarchiste antisémite très peu actif actuellement à Grenoble) Verum et Fida donc, l’Uni et GZ, s’entrainent régulièrement (le weekend et quelques soirs de la semaine à l’ocasion) sur le campus, derrière les terrains de tennis..
Les activistes
En observant les activités des militant.e.s d’extrême droite à Grenoble on ne peut que faire des liens avec des groupes des villes alentours.
Chambery par exemple, où certains groupuscules facistes passés ou actuels (Bastion Social ou l’Edelweiss) sont très largement implantés. Les activistes viennent fréquenter les manifestations grenobloises à l’occasion notamment de la manifestation pour Lola. Ainsi que Valence patriote dont certains membres fréquentent des organisations locales comme Nemesis et GZ.
En fèvrier,sur le campus universitaire de Saint-Mar- tin-d’Hères, un « local » étudiant, la caravane des Jardins de l’Utopie, à été détruite et des inscriptions facistes (croix celtiques) ont été inscrites dessus.
Plus récèments, à Fontaine, des activistes ont, entre mars et avril, pris pour cible un ancien élu, son domicile a été ciblé par des inscriptions antisémites. Puis les locaux de la CGT et du PCF ont été visés avec un départ de feu et des tags représentant des croix gammées.
À Echirolles, en avril, un fidèle qui se rendait à la mosquée a été agressé au couteau par une personne qui disait "connaitre Le Pen".
25 juillet : Journée internationale de solidarité avec les prisonniers antifas
