Slovaquie : l’antifascisme donne de la voix

Lu sur le site Le Courrier d’Europe centrale :

Une manifestation antifasciste a rassemblé deux mille personnes jeudi soir à Košice, dans l’est de la Slovaquie, pour protester contre le meeting de campagne de Marian Kotleba, le leader de Notre Slovaquie (ĽSNS).

Les militants antifascistes de Košice ont réussi un tour de force jeudi soir : rassembler plus de monde que le leader néofasciste Marian Kotleba, qui organisait un meeting avec sa formation d’extrême-droite Notre Slovaquie. Quelques deux mille personnes ont hué la venue de celui que l’on nomme parfois le « Fürher des Carpates » et dont le mouvement plane comme une ombre sur les élections législatives du 29 février. En effet, les sondages lui accordent jusqu’à 15 % des intentions de vote, un score qui place le parti en seconde position, derrière le SMER au pouvoir, mais devant une multitude de petits partis en ordre dispersé.

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Les deux groupes se sont fait face, se sont affrontés à coup de slogans, mais sans affrontement physique, séparés par un cordon de police.
« Je suis une femme rom et je suis de Košice. Je suis venue parce que je suis inquiète pour ma ville natale. Il y avait des Slovaques, des Hongrois, des Roms autour de moi et j’ai également entendu des anglophones », a témoigné une manifestante au journal SME. « Je ne dis pas qu’il n’y a pas de problèmes dans l’Est et il faut les traiter, mais pas avec les mensonges et les solutions insensées proposées par ce parti fasciste ».

La menace d’extrême-droite

A l’image du Jobbik hongrois à la fin des années 2000, Notre Slovaquie engrange du soutien en organisant des rassemblements dans des localités qui ont connu un fait divers impliquant un ou des personnes de la minorité rom.

A la mi-décembre, Marian Kotleba avait rassemblé deux cents de ses « gros bras » lors d’un conseil municipal à Važec, dans les Tatras, après l’agression d’un pompier par plusieurs individus.

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La menace est-elle réelle en Slovaquie ? En tout cas suffisamment pour que la présidente de la République, Zuzana Čaputová, et trois anciens présidents se rassemblent pour évoquer l’éventualité d’une victoire de ĽSNS le 29 février, même si elle parait peu probable. Dans un tel cas de figure, la présidente donnerait-elle à Marian Kotleba la chance de former un gouvernement de coalition ?

L’ancien président Andrej Kiska, aujoud’hui candidat à la tête du parti qu’il a créé, Pour les gens, ne croit pas à une victoire de Notre Slovaquie. Toutefois, si une telle chose s’était produite lors de sa présidence, il a affirmé qu’il donnerait à « tout parti démocratique normal une chance de former le gouvernement, mais certainement pas aux fascistes ». Un autre ancien président, Ivan Gašparovič estime aussi « qu’ils
ne gagneront pas les élections », mais prédit qu’« ils décrocheront un score substantiel ».