Tract distribué ce matin sur les marches de l’Opéra Bastille :
Aujourd’hui, Pascal Brice (directeur de l’Ofpra) Anne Hidalgo (maire de Paris) et Giusi Nicolini (maire de Lampedusa) viennent parler à l’Opéra Bastille de leur enga- gement sur la question des réfugiés. Nous, personnes solidaires des migrant.e.s, non conviées, pas plus d’ailleurs que les migrants eux-mêmes, avons décidé de leur poser une question chacun.e.
Question à Pascal Brice
Pour les migrant.e.s abandonné.e.s dans les rues de Paris, l’été a été marqué par des violences policières (chiens lâchés, tasers, lacrymogènes, charges, destruction des affaires, insultes racistes). Durant le seul mois d’Août, on a compté 14 rafles, avec de nombreux blessés et hospita- lisés. Présents sur le terrain, avons recensé 2500 arrestations, qui ont débouché sur au minimum 64 placements en Centres de Rétention Administrative, et plus de 250 Obligations de Quitter le Territoire Français (OQTF). Ces rafles ont eu lieu en pleine journée, sur les campements de Jaurès-Stalingrad. La queue des demandeurs d’asile de France Terre d’Asile a elle-même été prise pour cible par la police. La coordination française du Droit d’Asile a dénoncé des mesures visant à décourager les migrants de déposer une demande d’asile.
De même que le déploiement policier à la frontière italienne, qui les empêche de gagner le terri- toire français pour y déposer une demande conformément au droit international, ces OQTF ont pour but de créer des obstacles aux demandeurs d’asile. Elles ont été distribuées à des personnes qui n’ont comme torts que d’être abandonnés à la rue par l’Etat et d’attendre des mois un premier rendez-vous que la loi est censée leur garantir sous 72 heures.
M. Brice, vous qui ne cessez de vous enorgueillir à titre personnel lors de vos inter- views des valeurs de l’asile politique de la France, avez-vous quelque chose à ajouter à votre silence après chacune de ces rafles, qui entravent un droit dont vous êtes pourtant le représentant officiel ?
Question à Anne Hidalgo
Le projet d’un « camp humanitaire » pour migrants primo-arrivants est devenu le nouvel alibi des autorités défaillantes en matière d’accueil. Mais pourquoi un camp alors qu’il existe
100 000 logements vides à Paris ? Sa localisation dans un no man’s land à l’ombre du périphé- rique opère une mise à l’écart et confirme la volonté d’invisibiliser une présence « gênante ». On sait déjà les effets désastreux de ce type de relégation déjà expérimentée à Calais.
En expulsant les migrants hors de la ville, les solidarités populaires ont été attaquées et cela a fait le lit de la xénophobie.
Madame Hidalgo, vous qui n’avez jamais mis les pieds sur un campement parisien, nous vous rap- pelons que des dizaines de femmes, d’enfants et de mineurs isolés dorment actuellement à la rue et que c’est la responsabilité de votre municipalité de prendre en charge les personnes vulnérables. En matière d’engagements, les seuls résultats tangibles de votre action sont : des grillages ségrégationnistes anti-migrants, des fermetures de toilettes publiques aux abords des cam- pements, des services propreté qui jettent leurs tentes et leurs affaires de couchage.
Madame Hidalgo, dans le droit fil de cette ségrégation urbaine, est-ce un Hotspot de tri des migrants, que vous allez créer à Paris ?
Question à Giusi Nicolini
Comment concilier l’image de Lampedusa en tant que « modèle de l’accueil en Europe » avec la réalité de son Hotspot insalubre. Des violences policières pour forcer les migrant.e.s à déposer
leurs empreintes, ce qui via le règlement de Dublin, porte atteinte à leur liberté de décider dans quel pays d’Europe demander l’asile ?
Comment accepter le fait que cette île de 12km de long ne possède même pas un hôpital pour soigner les migrant.e.s (ni d’ailleurs ses habitants autochtones) ? Qu’elle est sur-militarisée (drones, radars, agents frontex, gardes côtes) ? Est-ce accueillir que d’interdire à des migrants souffrant d’accoster avant minuit, pour les diriger vers un centre de rétention ?
Question au public
Est-ce bien pour célébrer ces réalités sordides et applaudir ces élites qui les revendiquent que nous sommes conviés à l’Opéra Bastille ?