Alors qu’on pensait en avoir fini avec les Brigandes, voilà qu’on apprend qu’elles ne joueront finalement pas comme prévu à l’hommage à Jeanne d’Arc organisé par Civitas. en effet, selon des informations reprises par Rivarol, derrière ce groupe aux paroles réactionnaires et nationalistes se cacherait en réalité une secte anti-chrétienne voire sataniste ! Mais les Brigandes n’ont pas dit leur dernier mot : car elles-mêmes soupçonnent leurs détracteurs, dont Jérôme Bourbon, d’être des agents sionistes… Bienvenue dans le monde enchanté des groupuscules nationalistes, où leur propension à la délation n’a d’égale que leur paranoïa.

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Jeu n°1 : une erreur s’est glissée dans l’image de gauche… Sauras-tu la retrouver ?
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Égalité & réconciliation aussi est fan !

Depuis leur apparition, en 2014, les Brigandes sont rapidement devenues les « nouvelles stars » de l’extrême droite. Enfin un groupe aux paroles « politiquement incorrectes » (comprendre : racistes et nationalistes) dont les membres ont plus de trois poils sur le caillou et aucun tatouage nazi ! Présenté comme exclusivement féminin (même si la plupart des musiciens sont des hommes), le groupe était parfois embarrassant de niaiserie et de loufoquerie, mais les médias d’extrême droite, surtout national-catholiques, étaient trop heureux de faire la promotion d’un groupe susceptible de changer l’image désastreuse des groupes musicaux de leur mouvance.

Un rédacteur de Polémia [1] aussi avait été tout émoustillé par ces « jeunes femmes surprenantes, (…) jolies, polies, bien mises, ironiques, coquines, tradis et modernes ». « les Brigandes ont été une part non négligeable du succès de la journée de Synthèse nationale, le dimanche 11 octobre à Rougis  » nous apprenait le site Information nationaliste… Même le peine-à-jouir et ultra-catholique Présent avait apprécié le «  ton décalé et une absence totale de soumission au politiquement correct « de « ces belles et rebelles du XXIe siècle » auquel Pierre Saint-Servant avait demandé une interview. Rivarol avait également accordé en novembre dernier une interview aux Brigandes…
Le seigneur des agneaux
Oui, mais ça, c’était avant. Mi-avril, nous avons publié un article qui expliquait l’implantation locale des Brigandes derrière le groupe de rock ringard Ultra Sixties, et un de nos lecteurs, dans les commentaires, avait cru reconnaître derrière les paroles des Brigandes la prose d’un certain Joël Labruyère, animateur d’une secte « elfique » et d’une association proche de la Scientologie.

Rivarol_Brigandes
Rivarol du 26 avril 2016

Au même moment, un site anonyme d’inspiration national-catholique, publiait un grand nombre d’informations (y compris personnelles) sur les principaux membres des Brigandes : Maxime Billaud, Marianne Mourgeon, Antoine Duvivier et bien sûr Joël Labruyère, accusés de « manipuler par la gnose et la franc-maçonnerie blanche » les Brigandes, décrites comme « de pauvres créatures naïves ». On vous fait grâce des détails de « l’enquête » sur les différentes ramifications (revue, associations, etc.) pour n’en retenir que le fond : les Brigandes seraient de fait des ennemies de l’Église, et il serait urgent de ne plus faire leur promotion au sein de la mouvance national-catholique.

Dans son édition du 26 avril, le journal Rivarol , sous la plume de Jérôme Bourbon, en rajoute une couche, en consacrant deux pages (!) aux Brigandes. N’hésitant pas à qualifier la secte de Labruyère de « sataniste », l’article est accompagné de trois témoignages d’anciens adeptes repentis, qui nous « révèlent » les mœurs du gourou et de ses fidèles : extorsion, harcèlement moral, rituels, et même culte de Dracula ! Bourbon concluait son article ainsi : « sans se demander d’où venaient et qui étaient vraiment ces chanteuses débarquant brusquement de nulle part (…) nous avons tous fait preuve, à des degrés divers, de légèreté ».
Secte contre secte
Oui, mais… Et si… Et si le complot était en réalité le fait de « cellules catholiques » qui noyauteraient le milieu nationaliste et qui agiraient « comme des traîtres à la résistance nationale en fomentant des divisions pour raisons religieuses ou idéologiques » ? et si Bourbon, avec son article délateur, servait en réalité les intérêts d’un « l obby qui veut réduire à néant les révolutions nationales en divisant les rangs des patriotes » ? C’est la thèse défendue par les Brigandes dans leur droit de réponse, dans lequel elles citent sans ciller Julius Evola et Alfred Rosenberg considérés comme des « auteurs perspicaces ».

Brigandes_nazies

Dans un second texte, elle reviennent sur les témoignages produits par Rivarol : Annick Lovinfosse, qui serait actuellement membre de la secte crypto-fasciste Nouvelle Acropole ; Jean-Luc de Meyer, fondateur de Front 242, groupe précurseur de la musique électronique dans les années 1980, dont le leader aimait évoquer la "musique européenne" et se complaisait dans une esthétique fascisante ; des "francs-maçons de la loge Hénoch"… Bref, pas de quoi faire le malin !
Pendant ce temps, à la Salvetat…
Pour notre part, dans cette histoire qui nous fait plus rigoler qu’autre chose, nulle trace d’un complot, qu’il soit maçonnique ou catholique, mais de pauvres gens pris au piège de leur paranoïa. On a quand même une petite pensée pour les vieux satyres de Civitas qui espéraient reluquer sous les jupes des Brigandes, et qui devront probablement se contenter du soporifique et pas très « sexy » Chœur Montjoie Saint-Denis qu’ils avaient déjà dû subir en 2014…

Localement, à la Salvetat, certains habitants sont un peu émus par toute cette histoire de secte : on pourra malheureusement remarquer que l’affaire fait plus de bruit que les paroles racistes et nationalistes du groupe… Et Radio Salvetat Peinard, la radio locale, continue de faire tranquillement la promotion des Brigandes, en passant sur ses ondes leur nouveau "tube" consacré à la douceur de vivre au village…
La Horde

Notes

[1À ce propos, le fondateur de Polémia, Jean-Yves Le Gallou, est présent dans une vidéo publiée le 26 avril dernier par Radio Brigandes… Les « révélations » de Rivarol ne semblent pas l’avoir beaucoup ému !