
Une nouvelle AFA vient de se créer en Haute-Savoie : vous pouvez les contacter sur Facebook ou par e-mail (antifahautesavoie(a)gmail.com). Nous leur souhaitons longue vie, et, pour faire leur connaissance, nous vous invitons à lire leur texte de présentation :
Dans le climat de progression des idées d’extrême droite, nous avons lancé de manière autonome et décentralisée « l’action antifasciste Haute-Savoie ». Cette initiative traduit un besoin de lutte et de connaissance du fascisme. Ce communiqué vise à préciser la situation locale et l’objectif de l’Action Antifasciste Haute-Savoie (AFA74).
Un Front National en embuscade...

Alors qu’aux élections régionales de 2010 Bruno Gollnisch obtenait 31 102 voix, cinq années plus tard, au même type de scrutin, Christophe Boudot a obtenu 63 833 voix. De même, le candidat frontiste a gagné 5 000 suffrages entre le premier et le second tour, exprimant les limites de la mobilisation des abstentionnistes en faveur du « vote barrage ». Il y a clairement un resserrement des idées nationalistes et racistes colportées par le F.N autour des classes populaires. Pourtant, les dirigeant(e)s locaux du parti d’extrême droite sont loin d’être issus des milieux populaires, la majeure partie d’entre eux/elles étant au contraire issue des milieux aisés. Les membres de ce parti ne se privent pas de répandre leurs conceptions racistes et antisémites. En mars 2014, Thierry Paimparet, candidat sur la liste du parti frontiste à Cluses, se prenait en photo, kalachnikov à la main, avec pour légende « plutôt être envahi par la Russie de Vladimir que finir par subir l’islamisation de ma France ». Et Jean Capasso, leader du F.N sur Annemasse, de déclarer après les attentats contre Charlie Hebdo que « nous ne devons pas mettre en cause l’islam, mais un sionisme américain qui s’est accaparé l’Europe pour en faire son nouveau terrain de jeu ». Des discours islamophobes aux déclarations antisémites, le FN 74 ne semble pas renier son bon vieux fond de commerce haineux et paranoïaque.
... qui alimente des groupuscules néo-fascistes

En parallèle au Front National qui représente la partie institutionnelle de l’extrême droite prospère des groupuscules à la marge, beaucoup plus portés vers l’action de rue. Ces groupes sont principalement basés sur Annecy et son agglomération, comme « Autour du Lac », « Adn crew - Alpes du nord », « Haute-Savoie Nationaliste » (visibles sur Facebook). Il est fort à parier que ces groupuscules soient des créations d’anciens membres des jeunesses nationalistes à la suite de leurs dissolutions après le meurtre de Clément Méric par l’un de leur membre à Paris le 6 juin 2013. Entrainé(e)s la violence physique, un de leurs membres a été arrêté en septembre 2015 à Annecy en train de coller des autocollants anti-migrant(e)s en possession d’un coup de poing américain et d’un couteau. Or, les personnes issues de ces groupuscules sont loin d’être rejetées par le Front National comme l’atteste, entre autres choses, la présence de personnes issues de la scène nationaliste radicale à une réunion du « rassemblement Bleu Marine » à Annecy. Nul besoin d’ailleurs de ces groupuscules pour que des candidat(e)s FN appellent en sous-main à la radicalisation : après les résultats de décembre 2015, Olivier Burlats, candidat Bleu Marine pour Seynod, affirmait que « le nombre [d’immigré(e)s] ne va cesser d’augmenter dans les années qui viennent compromettant ainsi les chances de la droite nationale d’arriver au pouvoir par la seule voie électorale ». C’est un appel clair et net à l’action extra-légale.
Dans un contexte de fascisation, s’organiser contre les actes et les rassemblements fascistes

Dans une période de reflux général des luttes sociales et de recrudescence des actes islamophobes et antisémites, nous pensons qu’il est plus que nécessaire de combattre dès aujourd’hui l’extrême droite et de ne pas attendre la multiplication de leurs lieux d’entrainements et d’endoctrinements pour réagir. De l’ agression d’un couple musulman aux intimidtions racistes en passant par des tags antisémites le département est loin d’être épargné par la haine raciale.
La riposte anti-fasciste contre ce climat nauséabond nous semble assez faible. Il y a eu récemment des manifestations à Annecy contre le racisme (2013) et pour l’accueil des réfugiés (2015), mais il est dommageable que des meetings d’extrême droite puisse se tenir sans opposition collective. Alors qu’en 1998, 2 000 personnes pouvaient se réunir à Thonon-les-bains contre la venue de Bruno Mégret (FN) le meeting de Marine Le Pen à la Roche-sur-foron en février 2015 n’a pas entraîné de contre-rassemblement. On ne peut se contenter de dénoncer les scores électoraux élevés pour le FN et laisser prospérer leurs meetings et leurs campagnes impunément. Il nous semble ainsi fondamental de développer un réseau autonome des institutions, capable de riposter contre les activités d’extrême droite et de faire un travail de veille antifasciste sur le département.
L’antifascisme, c’est lutter contre les idées conservatrices et réactionnaires
Le fascisme est la conséquence directe d’un système capitaliste en crise qui, pour se moderniser, doit diviser les exploité(e)s afin de détourner leur révolte vers des objectifs nationalistes. Des vidéos antisémites d’Alain Soral aux diverses théories complotistes en passant par l’islamophobie de Marine Le Pen, tou-te-s servent à désarmer le peuple. Comme l’affirmait Bertold Brecht, « le fascisme n’est pas le contraire de la démocratie mais son évolution par temps de crise ». L’histoire révèle que lorsque le capitalisme vacille, les partis traditionnels participent d’une fascisation de la société par la répression sociale et l’exaltation nationale. Les attaques du gouvernement actuel contre des syndicalistes, les roms, les immigré(e)s et les menées guerrières en sont des exemples contemporains. Ainsi, notre antifascisme refuse les stratégies opportunistes du P.S, car principales alliées dans le renforcement du F.N.
Nous constatons que l’extrême droite se renforce aussi dans la jeunesse ouvrière car les canaux de contre-information (syndicaux et politiques) sont très faibles dans les zones rurales. C’est internet qui joue un rôle fondamental de politisation et amène bien souvent aux sites proposant une vision antisémite et raciste de l’histoire. Dans ces zones, les prolétaires sont isolé(e)s dans des petites entreprises, une partie d’entre eux/elles ont accédé à la propriété individuelle et l’allongement des trajets domicile-travail a renforcé l’emprise de la voiture sur les modes de transports. Tout ceci renforce l’éclatement des solidarités, le repli sur soi et l’information « mainstream ».

A notre sens, l’anti-fascisme doit pratiquer une bataille culturelle quotidienne contre les idées d’extrême droite. La vision rétrograde qui conçoit la société comme une lutte entre des fort(e)s et des faibles est alimentée par le sexisme, l’antisémitisme, le racisme et le mépris des prolétaires. L’anti-fascisme se doit donc de ne pas simplement lutter contre les « fascistes » par une posture morale, mais doit combattre les sources de diffusion des idées d’extrême droite, comme le sont la glorification de la virilité masculine, le mépris de la Nature, des femmes, et des minorités. Notre anti-fascisme passe ainsi par la défense d’une société métissée qui intègre toutes les minorités et refuse la hiérarchisation des personnes selon leur sexe, leur diplômes et leur origine ethnoculturelle.
Face à l’extrême droite et à la banalisation de ces idées, Riposte immédiate ! Organisons-nous dans un réseau autonome antifasciste !
AFA 74