La justice ouvre une enquête financière sur un ancien du GUD

Médiapart a récemment mis en ligne un nouvel article consacré à Axel Lousteau, ancien du GUD des années 90, un nom qui revient régulièrement ces années.

Violences du GUD : la justice ouvre une enquête financière

20 AVRIL 2016 | PAR MARINE TURCHI

Le parquet de Nanterre a ouvert une enquête pour « abus de biens sociaux » et « blanchiment de capitaux ». Deux sociétés sont visées : l’une a été créée par Axel Loustau, trésorier du micro-parti de Marine Le Pen et conseiller régional FN. L’autre est détenue par des proches de Logan Djian, le chef du GUD mis en examen pour « violences aggravées » et laissé en liberté contre une caution de 25 000 euros.

L’affaire des violences de militants du GUD (Groupe Union Défense) rebondit sur un second front judiciaire, financier celui-ci. D’après nos informations, le parquet de Nanterre a ouvert le 13 mars une enquête préliminaire pour « abus de biens sociaux », « blanchiment de capitaux » et « travail dissimulé », après avoir reçu un signalement de Tracfin, la cellule antiblanchiment de Bercy. Au cœur de cette enquête se trouvent deux sociétés, dont la Financière Agos, créée par un proche de Marine Le Pen : Axel Loustau, trésorier de son micro-parti, conseiller régional FN et récemment promu à la tête de la fédération frontiste des Hauts-de-Seine.

La justice cherche à vérifier la provenance des fonds qui ont permis la libération sous caution, le 13 novembre 2015, de Logan Djian, le chef du GUD à Paris, mis en examen pour « violences aggravées » et placé en détention provisoire après l’agression de l’un de ses anciens camarades.

Le parquet de Nanterre se penche sur une série de flux financiers en amont du paiement de cette caution de 25 000 euros. Ces virements concernent la compagne de Logan Djian, Jessica Guillemard, et deux sociétés : la Financière AGOS, holding créée par Axel Loustau , et Olympe Communication, détenue officiellement par des proches de M. Djian. Ces flux ont attiré l’attention, les fonds d’une société ne pouvant être utilisés à des fins personnelles. Contacté, Axel Loustau répond qu’il ne « dirige plus AGOS » – dont il reste actionnaire –, et affirme n’avoir «  jamais eu aucun flux financier avec M. Djian ».

L’origine de l’affaire est une violente agression, le 9 octobre, qui implique des membres du GUD , un groupuscule d’extrême droite aux méthodes musclées. La scène est filmée par l’un des protagonistes. Sur les neuf vidéos, obtenues par Mediapart, on voit Logan Djian, le chef de ce groupuscule à Paris, passer à tabac et humilier, avec quatre militants, l’un de ses anciens camarades, qui finira à l’hôpital et portera plainte. Mi-octobre, Logan Djian et un autre militant du GUD, Loïk Le Priol, sont mis en examen pour « violences aggravées » et placés en détention provisoire.

S’appuyant sur les vidéos, Mediapart a révélé les détails de cette agression et sa violence, le 21 mars. Ces vidéos – que les perquisitions n’avaient pas permis de retrouver – sont désormais entre les mains de la justice, qui les a réquisitionnées le 22 mars (lire notre « boîte noire »). L’article décrivant les scènes filmées fait par ailleurs l’objet d’une assignation en référé à la requête de Logan Djian et Loïk Le Priol.

Sollicité, M. Djian n’a pas répondu à nos questions. Quant à Axel Loustau, il reconnaît auprès de Mediapart avoir encore « des participations » dans la Financière AGOS – ainsi que « dans de nombreuses sociétés  »« après plus de vingt ans de vie professionnelle » –, mais il souligne qu’il « ne dirige plus AGOS » . « Il y a une nouvelle équipe dirigeante depuis de nombreux mois. Comme vous avez dû le constater, je me consacre aujourd’hui principalement à la politique. » 

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Axel Loustau (de dos) avec E.K., la victime de l’agression (à sa droite) et Logan Djian (devant le cortège du GUD), lors du traditionnel défilé de l’extrême droite radicale, le 13 mai 2012, place de la Concorde, à Paris. © Reflexes

Devenu chef d’entreprise après ses années de militantisme au GUD, Axel Loustau, 45 ans, a créé un groupe de sécurité privée, Vendôme Sécurité, qui embauche des militants de la mouvance d’extrême droite, et travaille – notamment – pour le Front national. Pour éviter que son engagement ne nuise à ses affaires, plusieurs sociétés, gérées par des proches ou des membres du réseau des anciens du GUD, ont été créées, notamment Colisée Sécurité, qui a pris le relais de Vendôme Sécurité.

Les résultats de l’activité de Vendôme Sécurité, puis de Colisée Sécurité, alimentent la holding Financière AGOS. Créée par Axel Loustau et sa femme en 2007 sous le nom de Financière SOGAX, cette holding familiale – acronyme d’Axel (Loustau) et de ses proches – était domiciliée dans ses bureaux, place Léon-Deubel, dans le XVIe arrondissement de Paris.

En mai 2015, la société est rebaptisée Financière AGOS et change d’adresse. Axel Loustau en reste actionnaire, mais c’est l’une de ses proches qui en prend la présidence : Emmanuelle Gaillard-Bailet. La jeune femme n’est autre que l’une de ses secrétaires, promue responsable administrative de son groupe de sécurité. C’est d’ailleurs dans les bureaux d’Axel Loustau et de Colisée Sécurité, place Léon-Deubel, que Mediapart avait pu la joindre, début mars (lire notre « boîte noire »).

La justice s’intéresse également à l’autre société concernée par ces flux, Olympe Communication. Sur son site, l’entreprise se présente comme une « équipe de jeunes entrepreneurs spécialisés dans le marketing » . Derrière cette structure, on trouve Logan Djian et plusieurs de ses proches. Le chef du GUD ne figure pas dans les statuts : les dirigeants officiels sont sa belle-sœur, Tania Guillemard, et un autre Gudard, Paul Briaud. Mais l’entreprise est domiciliée à l’adresse de sa société d’équipement de sécurité, à Saint-Cloud. Quant aux bureaux d’Olympe, ils sont installés à Boulogne-Billancourt, dans l’immeuble de Normandy Sécurité, la société du frère d’Axel Loustau.

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