Lu sur le blog Caen Antifa :
Manipuler l’information pour exister, l’echec de l’extrême droite Caennaise
Mercredi 1er juillet à 18h, une manifestation avait lieu à Caen en réaction à l’expulsion du squat de l’ancien collège Guy Liard à Mondeville le 24 juin dernier. Une centaine de personnes s’étaient réunies devant le Conseil Départemental pour crier leur colère face à la mise à la rue de 38 personnes, 6 familles avec enfants.
Le cortège passe par la place Saint-Sauveur et tombe sur un petit groupe de nationalistes qui entourent la statue de Louis XIV. Personne ne pensait y croiser l’extrême-droite caennaise, en perte de vitesse, et encore moins pour défendre une statue sans aucun rapport avec le contexte de la manifestation. Très vite des figures de la fachosphère locale sont reconnues : Quentin Douté, conseiller national du Parti de la France (parti politique nationaliste d’extrême-droite) aux côtés de Victor, figure de la Cocarde étudiante Caen (syndicat étudiant d’extrême-droite) et d’une dizaine de militants se revendiquant entre autres de la « division viking » (historiquement la divison « Wiking » est la 5ème division SS du IIIe Reich, pour des jeunes attachés à leur patrimoine, on salue le choix). Rappelons d’ailleurs que Victor affirmait dans l’article Ouest-France du 26 février 2020 que la Cocarde « n’a aucun lien avec d’autres groupes militants présents en ville ».
Très vite, les manifestant·e·s comprennent que leur présence est une action de communication qui tente de surfer sur le contexte international des manifestations Black Live Matter pendant lesquelles plusieurs statues de figures colonialistes ont été déboulonnées. Or, ce jour-là, les personnes présentes formaient un public plutôt familial venu défendre les personnes exilées qui subissent les expulsions et les politiques xénophobes. La manifestation se termine dans le calme et rejoint le point de départ. Sous couvert d’une volonté affichée de « défendre le patrimoine », ce sont en fait des actions pro-colonialistes, comme à Lille et Clermont-Ferrand où des militants suprémacistes blancs forment une milice pour protéger des statues sans âmes. A noter que les personnes identifiées à Lille, par le collectif La Horde, sont liées au Parti de la France, tout comme Quentin Douté.
Face aux provocations des fachos et leur désir de créer du désordre, les manifestant.e.s décident de les afficher sur la place et leur rappeler que le fascisme n’a pas sa place dans nos vies. Malgré un face-à-face tendu, les manifestant·e·s décident d’ignorer leur volonté de générer un affrontement pour justifier leur action de communication auprès des médias. La place Saint Sauveur est un lieu quasi incontournable des parcours des manifestations, les militants d’extreme droite avait donc la quasi-certitude du passage du cortège devant la statue trônant au milieu de cette place, lieu largement dégagé et surveillé. Leur présence laisse le sentiment d’une provocation et d’une recherche de l’affrontement leur permettant ainsi d’instrumentaliser médiatiquement la réaction prétendumment violente des manifestant·e·s.
C’est par ailleurs ce qu’ils ont fait via le site du président du parti de la France ainsi que via Valeurs Actuelle, site d’information d’extrême droite.
Isabelle Gilbert, élue Rassemblement National au conseil municipal de Caen et à la région Normandie, s’est hâtée de féliciter cette fake news via son compte Twitter.
Cette même élue pose d’ailleurs sur une photo du RN au sein du Bar l’Univers, situé au 2 rue de Bernières à Caen. Lieu de réunion du parti d’extrême-droite ainsi que de groupes fascisants comme Génération Identitaire. En effet, c’est en février qu’une délégation de GI s’est retrouvée à Caen pour recruter de nouvelles têtes, se réunissant dans ce bar sympathiquement fourni par ses propriétaires. Pour rappel, Génération Identitaire est un groupuscule ayant déclaré « être en guerre » contre le fameux « grand remplacement », multipliant les divers coup d’éclat afin d’obtenir une quelconque couverture médiatique. La plus marquante d’entre elle était l’opération « Defend Europe » visant à empecher les réfugié-e-s de rentrer en France depuis l’Italie. Plus récemment, ils ont tenté de pertuber l’historique marche contre les violences policières suite à l’appel d’Assa Traoré en déployant une banderole place de la République à Paris. Ils ont également l’habitude de monter des milices pour « chasser les racailles » (comprendre : emmerder et agresser des personnes racisé.e.s) , c’est notamment le cas à Lille et Lyon.
Ce n’est pas la premiere fois que le RN local s’illustre dans sa sympatie envers les revendiqués néo-nazis. Dans la seconde partie du documentaire Génération Hate publié le 16 décembre 2018, on observe Christelle Lechevallier alors résponsable de la fédération du Calvados du RN, élue à la région Normandie et eurodéputée, partager des verres au sein de la Citadelle à Lille, bar géré par Génération Identitaire.
Par ailleurs quelques jours plus tôt le groupe normand autoproclamé « Division Viking » s’est illustré sur le contenu de Ouest Casual (groupuscule à tendance hooligan connu pour son admiration d’Hitler, du néo-nazisme, et de l’ultra violence), en publiant une supposée agression commise à l’encontre de la CGT. Ils posent aux côtés du matériel syndical, masque de mort au visage, baïonnette 98k à la main (arme nazie) avec un drapeau SS au motif du Totenkopf. En réalité, ils ont volé le matériel du syndicat CGT Chômeurs Précaires affiché symboliquement le premier mai 2020 sans surveillance au bord de la route durant le confinement.
Finalement de la même manière que la prétendue défense de la statue de Louis XIV, ce petit groupe facho n’existe que par la manipulation médiatique, le poid de leur action étant dérisoire.