Si des gens se demandaient où était passé Serge « Batskin » Ayoub ces derniers mois, la réponse est disponible sur les réseaux sociaux depuis quelques jours. Comme nous l’avions pressenti dans un article prémonitoire, après l’implication de ses petits camarades de Troisième Voie dans le meurtre de notre camarade Clément Méric en juin 2013, Ayoub a eu vite fait de troquer la panoplie du skinhead pour celle de l’amateur de deux roues, entraînant avec lui quelques fidèles lieutenants. Abandonnant l’étiquette « JNR », c’est donc désormais sous les couleurs du « Praetorians MC » qu’il mène ses activités, limitées pour le moment à quelques séances photos et un concert annoncé pour ce mois d’avril…
La rumeur tenace qui courait ces derniers mois parlant d’un repli stratégique vers un club de bikers était donc vraie. Serge et une partie de ses amis ont monté le club des Praetorians à Berzy-Le-Sec, dans l’Aisne. Club qui fêtera sa première année d’existence en organisant un concert le 25 avril 2015.
Moins glamour que le XVe arrondissement de Paris où se trouvait le Local, l’ancienne tanière d’Ayoub, situé au détour d’une route de campagne dans la banlieue de Soissons, ce nouveau lieu à la fois club et salle de concert n’est rien d’autre qu’un entrepôt plus proche du local à bestiaux (pour gros bœufs) que de la salle de réception… Espérons en tout cas que son avenir est annoncé par son environnement : sur la route dite « Les Marais » et à proximité de la rivière la Crise (ça ne s’invente pas !). Espérons également que les riverains ne laisseront pas une bande de nazillons recyclés prendre racine dans leur paisible campagne.
"Je ne crains personne en Harley Davidson"
Cette attirance pour le milieu du cuir, de l’huile et des grosses mécaniques n’est pas nouveau. Déjà au milieu des années 1990, suite à la mise en sommeil des Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires (JNR), lorsqu’il avait été contraint de se faire oublier et de prendre un peu de recul sur ses activités politiques, Ayoub avait choisi de se mettre au vert en se tournant vers les bikers, en ouvrant un commerce en rapport avec le milieu [1]. Lorsque dans les années 2000, après une éclipse de presque dix ans, il revient en France, c’est donc tout naturellement qu’il fait sa réapparition dans cet univers en ouvrant un bar à Paris, le Garage, rue Oberkampf, qui vise ouvertement cette clientèle. Il n’est pas rare de le croiser avec la tenue réglementaire de ce milieu : à cette période, il ne se gêne pas pour parler de " la révolution de comptoir des skinheads ", qu’il oppose aux bikers, " des vrais durs ". Mais ça, c’était avant de faire ressusciter les JNR en 2010…
Serait-ce donc pour lui une espèce de monde parallèle ? Un autre « espace temps » lui permettant de se faire un peu oublier (tout en oubliant lui-même ses anciens amis) quand la justice s’approche un peu trop près ? Rappelons que lors de sa première période biker, début 2000,il avait dans la foulée lâché sans complexe son pote et alter-ego normand Régis « Madskin » Kerhuel, accusé d’avoir tué un Mauricien dans le port du Havre. Kerhuel et son co-accusé, Joël Giraud, un autre membre de la bande, étaient deux skins originaires du Havre et membres des JNR. Depuis, coïncidence, Keruel a, lui aussi, rejoint une bande de bikers, les Hell’s Angels. Les grands esprits se rencontrent !
Ayoub rentre au stand
Cette fois encore, l’intérêt d’Ayoub pour les deux-roues coïncide étrangement avec la mise en examen de jeunes très proches de lui, accusés du meurtre du jeune antifasciste Clément Méric. Tout au long des années 2010, en relançant les JNR, Ayoub a élevé une nouvelle génération de petits pitbulls à grand coup de discours musclés, prônant le virilisme, le culte du corps et la violence, bien souvent fantasmés, et excitent les Morillo, Dufour et autres jeunes nazillons paumés du même acabit. Mais il ne compte pas assurer le service après-vente de ses délires guerriers : logiquement, comme par le passé, une fois les copains arrêtés, il se fait on ne peut plus discret, oubliant même Sebastien Deyzieu [2], laissant tomber les manifestations en sa mémoire, qu’il avait pourtant organisées les deux années précédentes. Ses dernières incursions en politique se limitent à une intervention en novembre dernier à la 7ème journée de Synthèse Nationale (une petite sauterie où se retrouvent tous les parias de l’extrême droite), ou son fameux communiqué (un des derniers de son éphémère mouvement Solidarisme) après les attaques de Charlie-Hebdo, dans lequel il conclu par un appel au vote en faveur de Marine Le Pen [3].
Nouvelle bande mais vieilles ganaches
Mais revenons-en à notre sujet : bande de joyeux drilles, les Praetorians, où, en dehors d’Ayoub himself , nous retrouvons quelques têtes connues, dont de nombreux anciens JNR, eux aussi recyclés :
En tout premier, sans surprise, le fidèle Gilles Dussauge , dit « Grand Gilles » [4]. Anecdote amusante : comme on peut le voir sur la photo, Dussauge pose fièrement au guidon d’une Ural Pustinja, joyau de l’Armée rouge : d’autres que nous pourraient s’en offusquer, et auraient très certainement préféré le voir sur une bonne vieille BMW R-75 de la Wehrmacht… À ses côtés, Baptiste Déodati, un ancien du Kop Boulogne qui fréquentait le Local à sa grande époque.
On retrouve aussi dans l’équipée sauvage Hugo Lesimple (attention : ce n’est pas un pseudo), un ancien du GUD version Édouard Klein, qui a ensuite rejoint Troisième Voie où il est vite monté en grade. Tout gominé de frais, celui-ci continue envers et contre tout à suivre son führer. Et donc logiquement il s’est mis à la motocyclette…
Autre ancienne militante solidariste, « Kristine », alias Christelle Bédard , autrefois rousse et représentante avec Benoit Arcand de Troisième Voie Québec, a trouvé sa place sur le porte-bagage d’Ayoub. Comme on peut le voir sur la photo de droite, avant de jouer les modèles pour calendrier de routier, elle préférait le style « Ilsa louve des SS »… Toujours la grande classe !
On y croise aussi d’autres anciens de Troisième Voie, présents lors des manifestations du 9 mai, comme le montre la galerie ci-dessus. Toutefois il y a tout de même aussi de jeunes recrues, comme par exemple cet ancien militaire et ancien skin de Reims, Brice Loiseau . Faut dire qu’il habite juste à côté… Esteban Morillo, qui lui aussi est quasiment un voisin, sera-t-il invité en souvenir du bon vieux temps ?
La Horde