Tours : Une trentaine de militants néofascistes revendiquent leur participation à la Manif pour tous

À Tours, les rangs de la Manif pour tous et du collectif Marchons enfants, qui défilaient le 30 janvier contre la loi bioéthique, ont été renforcés par un groupe de militants de l’extrême-droite radicale.

Samedi, alors que le contre-rassemblement organisé par un collectif LGBTI+ faisait l’objet d’un encadrement policier exceptionnel, une bande de petits néofascistes a pu tranquillement s’épanouir à l’ombre des drapeaux rouges et verts agités par les réactionnaires du collectif « Marchons enfants », mobilisés contre l’ouverture de la procréation médicalement assistée à toutes les femmes. Sur sa page Facebook, le groupuscule Des Tours et des Lys a revendiqué sa présence dans la manifestation, accompagnant un court texte de photos prises sur les marches de la mairie de Tours.

« Nous étions aujourd’hui une trentaine dans le cortège de La Manif Pour Tous de Tours. En effet, nous souhaitions apporter notre soutien local à ce mouvement national défendant les valeurs de la famille traditionnelle. »

Apparemment, les bons bourgeois catholiques qui pilotent cette mobilisation réactionnaire ne voient pas d’inconvénients à compter dans leurs rangs des militants qui organisent des soirées d’échanges autour des Poèmes de Fresnes du journaliste collabo et antisémite Robert Brasillach.

Dans plusieurs grandes villes de France, d’autres groupuscules néofascistes avec lesquels Des Tours et des Lys entretient plus ou moins de liens ont participé aux défilés organisés par la Manif pour Tous. À Dijon, cette participation a pris un tour plus inquiétant, avec l’agression de plusieurs contre-manifestant·es.

Pendant ce temps-là, on est toujours sans nouvelle de la plainte déposée contre la bande qui a volé le drapeau LGBT déployé au mois d’octobre sur la façade de la mairie de Tours, alors que tout laisse à penser que le vol a été commis par des militant·es proches de Des Tours et des Lys.
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Le Collectif Antifasciste de Tours a publié une mise au point sur la confusion qu’essaie d’entretenir dans son discours le groupuscule "Des Tours et des Lys" :

Des Tours et des Lys, entre confusion et récupération

Dénonçant des "mesures liberticides", un "contrôle étatique", mais aussi la "précarité de l’emploi" jusqu’à appeler à un boycott de la multinationale Amazon, une des dernières publications de l’organisation d’extrême-droite tourangelle "Des Tours et des Lys" a de quoi surprendre. À première vue, rien dans leur texte ne peut être rapproché de leur idéologie nationaliste, et une partie du vocabulaire utilisé et des idées défendues appartiennent au répertoire de la gauche.

Les nationalistes et royalistes Des Tours et des Lys seraient-ils en train d’être séduits par les valeurs de la gauche ? Loin de là, évidemment. Au contraire, ils perpétuent une stratégie propre à l’extrême droite, le confusionnisme.
Le confusionnisme est une forme de propagande dont le but est de brouiller les différences entre les camps politiques, en premier lieu auprès des personnes les moins politisées, et ce pour différentes raisons.

En se réappropriant le thème de la précarité, qui fait l’actualité, Des Tours et des Lys veut s’offrir une présence politique, se mettre en concurrence avec les syndicats et collectifs qui agissent concrètement contre le chômage et les mauvaises conditions de travail. Difficile de défendre les intérêts des chômeur·euses et travailleur·euses précaires de toutes les origines quand on profère des slogans tels que "les nôtres avant les autres" ! Loin de mener une lutte contre la précarité, et sûrement aussi de comprendre ses causes, Des Tours et des Lys la voit avant tout comme une opportunité de plaire.
Sous l’appel au boycott d’Amazon et son apparence anticapitaliste qui pourrait séduire, on retrouve en fait une défense de la souveraineté économique du patronat français. La défense d’une économie nationale basée sur un capitalisme protectionniste est en effet un poncif de l’extrême droite. Des Tours et des Lys ne s’oppose pas à Amazon pour des raisons socio-économiques, mais par volonté nationaliste. Le patronat français n’est pourtant pas plus vertueux que les autres !

Il est assez cocasse de voir ce groupuscule fasciste dénoncer des "mesures liberticides" alors même qu’iels remettent en cause la liberté de circuler en dénonçant l’immigration. Mais iels osent aller encore plus loin en allant jusqu’à dénoncer le "contrôle étatique" d’un "Etat policier", tout en réclamant ouvertement plus de répression contre les musulman·es qui sont vus comme de véritables ennemis intérieurs. A ce train là, on peut s’attendre à ce que Des Tours et des Lys dénonce bientôt le fascisme rampant du gouvernement !

Sur le terrain, cette stratégie confusionniste se concrétise par la tentative des fascistes d’intégrer nos cortèges. Ainsi, la Cocarde (organisation étudiante d’extrême-droite) appelait à intégrer la manifestation Éducation Nationale du 26 janvier. Les camarades parisien·nes ont alors réagi à cette provocation en les chassant de la manifestation. Mais Tours n’est pas exempte de ce genre d’intrusion où des militant·es d’organisations d’extrême-droite ont été repérés dans nos cortèges. À nous de dénoncer ces tentatives de récupération et d’afficher ouvertement notre opposition à leur "solidarité" excluant toutes les personnes ne correspondant pas à leur modèle raciste et hétéro-patriarcal.

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