AllemagneSolidarité avec Adel, militant antifasciste berlinois

Arrêté suite à des affrontements entre antifascistes et néonazis lors d’une manifestation contre les mesures sanitaires à Berlin en mars dernier, Adel a été placé deux semaines en détention préventive, subissant le racisme de ses geôliers, dans des conditions particulièrement dégradantes. Son procès aura lieu le 19 novembre : d’ici là, il a besoin du soutien de toutes et tous !

En mars 2021, des milliers de personnes ont manifesté à Berlin derrière le slogan “Paix – Liberté – Souveraineté” contre les mesures de l’État face à la pandémie. Parmi elles se trouvaient de nombreux complotistes, niant la réalité de la maladie et des néonazis.

Au cours de cette manifestation, il y a eu un affrontement entre antifascistes et manifestants d’extrême droite dans le Tiergarten, à la suite de quoi un jeune migrant antifasciste, Adel, et d’autres personnes ont été arrêtés par la police de Berlin, qui avait déployé un impressionnant dispositif répressif.
Dans le fourgon de la police anti-émeute, l’officier responsable a déclaré à Adel qu’il allait être placé en détention provisoire : son sort avait été scellé avant même qu’un magistrat ne l’approuve… Adel n’avait aucune chance, il avait été déclaré coupable à l’avance par la police.
Après des heures d’incertitude, Adel a été emmené avec les autres détenus au centre de détention de Tempelhofer Damm. Là a commencé un calvaire de plusieurs heures : Adel a passé 18 heures dans une cellule, nu, sans couverture ni oreiller, sur un lit de camp en bois, la lumière perpétuellement allumée. Il a subi des insultes racistes tout au long de la nuit, et un des gardiens lui a même dit : “Les gens comme toi devraient être jetés directement dans un trou, c’est là qu’est leur place”.

Son avocat, contacté immédiatement après son arrestation, a déployé des efforts considérables pour obtenir sa libération. Dans la suite de l’enquête, la police de Berlin a réussi à obtenir l’accord du juge d’application des peines pour son maintien en détention, en laissant entendre qu’il y avait un risque de fuite. Comme il fallait s’y attendre, cette tâche a été confiée aux agents du LKA 5 qui se sont rendus au domicile officiel d’Adel, et ont essayé de pénétrer dans l’appartement de sa mère avec la clé de l’appartement, sans mandat de perquisition.
Le but de toutes ces manipulations était de présenter au juge un tissu de mensonges prouvant qu’il y avait un risque de fuite. Ils y sont malheureusement parvenu, et Adel a dû être placé en détention provisoire malgré tous les efforts de ses soutiens.
Après deux semaines de détention provisoire, Adel a finalement été libéré, moyennant une caution de 5 000 euros et l’obligation de se présenter à la police trois fois par semaine.

Cependant, son calvaire n’est pas encore terminé. Le 19 novembre aura lieu le premier jour de son procès. On peut supposer que la police de Berlin voudra faire de cette affaire un exemple, afin de criminaliser l’antifascisme.
Mais nous ne laisserons pas faire, surtout en ces temps où le sénat et la police de Berlin répriment de plus en plus durement les structures et les individus de gauche : nous devons rester unis, et affronter cette justice de classe avec détermination !

Présentation du collectif de soutien

“Free Adel-Free all Antifascists” est un groupe indépendant, intersectoriel et antifasciste, qui s’est réuni en mars 2021 lorsque Adel a été arrêté après une altercation avec des manifestants d’extrême droite et mis en détention de façon arbitraire. Au cours de cette arrestation, la police de Berlin a tenu des propos racistes à l’égard d’Adel. De même, le motif de l’arrestation, “risque de fuite”, imposé par les flics, n’avait pour seul but que de briser un autre antifasciste.

Ce cas et les événements récents, dans lesquels des antifascistes comme Lina, Jo & Dy, Findus, Jan et Ferhat ou actuellement en France les camarades et amis de GALE Lyon sont menacés de longues peines de prison ou doivent déjà les purger, nous inquiètent et nous mettent en colère en même temps !
La répression contre l’extrême gauche, surtout ici en Allemagne, a une longue tradition. Nous nous souvenons des lois socialistes de Bismark, qui étaient censées prévenir les dérives “dangereuses” mais ne visaient qu’à réduire au silence ses ennemis politiques et à les rendre incapables d’agir ; des innombrables procès contre des militants d’extrême gauche mis en scène avec l’attention des médias et dans lesquels les paragraphes 129a et 129b (formation d’une organisation terroriste/criminelle) qui ont été utilisés pour justifier des enquêtes mégalomanes et de longues peines de prison… la liste est longue.
Récemment, de plus en plus d’antifascistes sont devenus la cible de la police et de la justice. De nombreuses accusations portées contre ces militants sont pour la plupart vagues et reposent sur des preuves purement circonstancielles, voire pas du tout. Le rôle de la police et de l’Office de protection de la Constitution dans le réseau néonazi NSU et dans diverses autres affaires montre clairement que nous ne pouvons et ne voulons pas compter sur cet État. C’est pourquoi nous considérons la voie de l’antifascisme militant et cohérent comme nécessaire et légitime dans l’ensemble, et sa criminalisation comme un défi pour notre mouvement, que nous ne laisserons pas sans réponse et auquel nous nous opposons avec une solidarité inconditionnelle.
Nous avons décidé d’être solidaires de tous les antifascistes d’Europe qui sont touchés par la répression et la violence policière. Notre tâche sera de sortir les antifascistes des griffes de la justice, de les soutenir dans leur lutte contre la répression et de les protéger de la criminalisation des interventions antifascistes légitimes.

Source: https://freeadel.blackblogs.org