Le collectif Paris Queer Antifa (PQA) est fondé en janvier 2021, en vue de répondre à plusieurs problématiques. Organisé·e·s en non-mixité queer, nous allions lutte antifasciste et luttes contre les lgbtqiphobies, ainsi que les violences sexistes et sexuelles.
Nous avons fait un constat majeur, qui est que la plupart des jeunes LGBTQI sont très dépolitisé-e-s. Iels n’ont aucune formation politique et sont donc facilement attiré-e-s par les discours réformistes et le pinkwashing* des gouvernant-e-s. Bien que cela puisse s’expliquer par l’inexistence matérielle d’une véritable communauté LGBTQI, il nous a paru important de ne pas laisser des personnes qui subissent les mêmes oppressions que nous se laisser berner par les tentatives de séduction de la droite et de l’extrême-droite. La popularité croissante de l’homonationalisme en est une triste preuve et il nous a donc semblé évident, dès le début, de porter haut et fort des valeurs antifascistes et anticapitalistes.
Si la lutte antifasciste s’est présentée comme une évidence, c’est bien parce qu’en-dehors des sphères LGBTQI, il y a aussi une montée en puissance de discours fafs. A cela il faut aussi ajouter la revendication toujours plus décomplexée d’un nationalisme ethnique, en France. Normalisées et propulsées par les médias ou pouvoirs en place, ces idées dangereuses occupent désormais une place importante dans l’ADN de la société française et occidentale, plus généralement.
Face à cette menace que beaucoup de militant-e-s qualifient de « fasciste », il nous est important de nous mobiliser de manière populaire. Bien que les fafs détiennent d’importants moyens financiers mais aussi de propagande (via les réseaux sociaux et les médias), nous pouvons et devons riposter. C’est notamment par l’action directe, l’autodéfense et l’éducation populaire, en nous formant les un-e-s les autres, que nous estimons pouvoir contrer leur avancée sur le terrain et dans les esprits. L’union et le travail en collaboration avec d’autres groupes militants et collectifs sont essentiels.
Toutefois, nous avons ressenti le besoin de nous organiser en non-mixité LGBTQI car dans les différents milieux antifascistes où nous avons pu militer auparavant, il y avait une certaine invisibilisation des problématiques qui nous touchent. Loin d’être un reproche envers les différents groupes qui peuvent exister à ce jour, c’est au contraire une invitation à travailler toustes ensemble et à élargir nos horizons de luttes.
Contrairement à ce que laisse entendre la présence du terme « queer » dans le nom du collectif, nous adoptons une grille d’analyse matérialiste sur les rapports de production et de domination au sein de la société. Nous ne nous revendiquons pas de la queer theory, trop souvent utilisée à des fins d’individualisation de la lutte et d’essentialisation des identités dites queer, auxquelles sont prêtées une « essence » révolutionnaire. Pour nous, ce qui est révolutionnaire c’est bien la lutte que l’on entreprend en partant de l’envie de nous émanciper des normes hétéropatriarcales et du système capitaliste. Or, il n’y a d’émancipation pour les groupes marginalisés et opprimés qu’en détruisant les structures qui nous aliènent et les systèmes desquels elles dépendent.
Derrière toutes ces idées qui peuvent paraître dépendre uniquement de l’ordre théorique, il y a des luttes et des actions concrètes pour améliorer les conditions de vie matérielles et immédiates de celleux qui se voient traité-e-s comme des citoyen-ne-s de seconde zone. C’est par l’action et la solidarité entre communautés et collectifs que nous parviendrons à nous former et nous défendre contre l’ordre en place et ses sbires, mais aussi à radicaliser les jeunes LGBTQI.
*Pinkwashing = L’utilisation des luttes LGBTQI dans le but d’améliorer son image, en se faisant passer pour tolérant, et/ou d’en tirer un profit financier.