Nantes Révoltée fait un suivi du procès des agresseurs de Steven et Erwan, il y a déjà cinq ans :
7 mai 2017 à Nantes. Ambiance suffocante : Macron vient d’être élu président de la République face à Marine Le Pen.
Une manifestation a été durement réprimée dans le centre-ville.
Il est près de 23h. Dans la grande montée qui longe la ligne de tramway, au niveau de l’arrêt Du Chaffault, à l’Ouest de la ville, Steven, 16 ans, perd de vue son ami Erwan, 18 ans, qui roule plus vite que lui. Ils rentrent chez eux à Bellevue, en vélo.
Steven est soudainement assailli par 5 hommes, cachés dans l’ombre, sur le bas côté. Il est jeté à terre, frappé à coups de poings, une bouteille est cassée sur sa tête. Les agresseurs prennent la fuite. Quelques mètres plus haut, c’est Erwan qui gît inanimé. Il vient d’être passé à tabac par la même bande quelques secondes plus tôt, à coups de matraque télescopique, après avoir été gazé. La bande a essayé de le tuer : des coups de pied de toute leur force dans la tête, notamment. Laissé pour mort, il est très gravement blessé. Fractures au crane et au visage, cou endommagé. Les coups ont été d’une violence inouïe et visaient exclusivement des parties vitales. Il s’agit d’une tentative de meurtre.
Erwan est placé en coma artificiel et se voit notifier un an d’ITT minimum. Il gardera des séquelles à vie. Sa famille ira récupérer les objets laissés sur le sol par le commando. Leurs analyses permettront d’arrêter les agresseurs : une bande de néo-nazis, liés au GUD – Groupe Union Défense. Ils voulaient assassiner des « antifas ».
Quelques semaines plus tard une étudiante en droit, militante d’extrême droite et proche des agresseurs, appelle sur le numéro personnel d’Erwan encore hospitalisé pour le forcer à changer son témoignage. En droit, ces méthodes de mafieux se nomment « subornation de témoin ». La conversation est enregistrée. La jeune femme est mise en examen à son tour. Au procès, le procureur de Nantes vole à son secours et demande une « dispense de peine » pour cette militante. Impunité.
5 juillet 2019. « Hooligans nazis ! » « Ils sont où les antifas ? ». Des hurlement sur la terrasse d’un bar. Des coups de matraque en plein visage, sur des gens assis devant un verre. Du sang et des projectiles qui volent. Un fumigène incandescent lancé à l’intérieur du lieu pour y mettre le feu. Un vendredi soir à Nantes, devant un bar du quartier Bouffay. L’attaque a été lancée par un commando d’une quinzaine d’individus, dont certains équipés de casques de moto ou cagoulés, lancent un véritable raid néo-nazi aussi lâche que violent. Des client-es et des membre du personnel du bar sont blessé-es, gravement pour l’un. Les attaquants promettent : « c’est pas la dernière fois ». Ils seront arrêtés, l’affaire est toujours en cours.
Ce lundi 21 mars, le procès du commando qui a essayé de tuer Erwan et Steven commence au Tribunal de Nantes. Il aura fallu 5 années d’attente.
Pendant ce temps, des membres du commando ont continué leurs attaques, commettant des agressions racistes à Nantes ou Angers. Cette semaine, il s’agit d’un procès d’Assises, qui va durer toute la semaine. La défense des néo-nazis va tout faire pour faire croire qu’il s’agit d’un « règlement de compte » et évoquer la prétendue « violence » des antifascistes pour obtenir l’impunité de ses clients. Inversion victimaire, un classique de l’extrême droite.
Cette affaire est emblématique. Un candidat néofasciste est sponsorisé par les médias. D’autres candidatures d’extrême droite cumulent d’importants scores. Les agressions commises par des groupes d’extrême droite ont lieu chaque semaine. Samedi dernier encore, une star du rugby abattue par un militant du GUD. Il faut faire parler de l’affaire d’Erwan et Steven, et ne plus rien laisser passer. Pour les nantaises et les nantais, n’hésitez pas à venir assister à l’audience qui aura lieu toute la semaine à partir de 9h. Pour les autres, notre équipe tentera de faire un suivi du procès.