Sées (61)Contre l’ouverture du bar d’extrême droite "La Ruche normande". Pour une ville accueillante et solidaire.

Le 28 novembre prochain, La "Ruche normande" ouvrira ses portes au 33 de la rue Billy, en plein centre de la ville de Sées. Dans leur communication, les créateurs du lieu le présentent comme un « bar et cave à vin », « un lieu chaleureux, convivial et ouvert à tous ». Malheureusement, la réalité est beaucoup plus sombre et doit nous faire réagir de toute urgence. En effet, derrière « l’équipe motivée » à l’origine de ce projet se cache Victor Aubert, l’un des fondateurs d’Academia Christiana, organisation catholique intégriste et l’un des porte-voix dans la région de l’extrême droite identitaire.

Le café Billy, situé 33, rue Billy à Sées, a déposé le bilan en mars dernier. En avril, Victor Aubert a exposé sur ses réseaux un projet de reprise. Depuis, il n’a plus communiqué sur ce projet mais a été aperçu dans l’ancien café mi-juillet.

Depuis qu’il s’est installé à Sées il y a une dizaine d’années, Victor Aubert n’a eu de cesse de vouloir faire de cette ville un bastion de l’extrême droite "enracinée" et le laboratoire de ses idées politiques. L’Institut La Croix des Vents, établissement privé hors contrat où il a enseigné la philosophie et le français, a accueilli jusqu’en 2019 les universités d’été d’Academia Christiana. Victor Aubert a par ailleurs participé au mouvement des gilets jaunes à Sées en 2019-2020. Il administre également une page Facebook sur la vie locale, "Les Sagiens", ouverte aux habitant.es de la ville et des alentours, et qui est suivie par 2900 personnes.

Enfin, depuis 3 ans, il s’occupe avec son entreprise Apollon communication de la communication des spectacles Siècles en scène, qui proposent des spectacles historiques réactionnaires dans le parc d’un bâtiment du centre de la ville de Sées (on retrouve sur le site d’Apollon communication une vidéo sur le spectacle d’une année précédente : Le trésor de la cathédrale). L’ouverture de ce bar est donc une nouvelle facette de sa stratégie d’implantation.

Le danger est immense puisque pour la première fois dans l’Orne, l’extrême droite disposerait d’un local ouvert au public et donc d’une base arrière pour s’organiser, diffuser ses idées nauséabondes et lancer des actions violentes.

Victor Aubert a beau soigner son vocabulaire et sa communication et dissimuler son projet politique sous un vernis propret : il demeure un fasciste déguisé en catholique traditionaliste. N’oublions pas qu’en 2016, il a été filmé effectuant un salut nazi au cours d’une manifestation avec la frange la plus violente de l’extrême droite française. Depuis, ses idées sont toujours les mêmes : suprémacisme blanc (Academia Christiana a accueilli Renaud Camus, promoteur de l’expression raciste de « grand remplacement »), obsession identitaire (les principaux groupuscules identitaires ou néo-nazis de France ont leur table aux universités d’été d’Academia Christiana), haine de l’égalité et de la démocratie (le spectacle Ma vie pour le roi, représenté à Sées cet été, mettait en scène un opposant farouche à la révolution et un partisan de l’ancien régime et de la monarchie).

Il ne faut pas se leurrer : ce projet de « tiers lieu » et de « bar convivial » ne dérogera pas à ces principes. La Ruche normande va contribuer à rendre le centre-ville dangereux pour certaines catégories de la population. En pouvant être privatisé, ce lieu va devenir un point de rencontre pour les compagnons idéologiques de Victor Aubert, c’est-à-dire ce qui se fait pire dans la fachosphère. Et on le sait : là où les groupuscules d’extrême droite possèdent un local, les violences à l’égard des minorités ethniques et de genre explosent.

Les enquêtes des journalistes sur ces sujets sont essentielles, comme on l’a vu au moment des dernières législatives par exemple. L’extrême droite identitaire et catholique fonctionne en réseau, dans ce petit microcosme, beaucoup se connaissent et se renvoient l’ascenseur. Dévoiler ce fonctionnement est fondamental pour faire connaître au maximum leurs actions.

Nous appelons aussi tous.tes les citoyen.nes, tous.tes les militant.es, les organisations politiques et syndicales, les associations engagées dans le mouvement social et les luttes émancipatrices et antiracistes, les catholiques opposés aux discours de haine et à l’instrumentalisation de leur religion par des militants d’extrême droite, à s’organiser et à se réunir pour réfléchir aux manières de s’opposer à ce projet.

Un collectif d’habitant.es de Sées et ses alentours