MémoireAdolfo Kaminsky, faussaire antifasciste, nous a quitté·es

Le 9 janvier dernier, Adolfo Kaminsky est mort, à l’âge de 97 ans. Resté dans l’ombre pendant près de quarante ans, c’est grâce à sa fille Sarah qu’en 2009 son passé de faussaire militant a été révélé au grand public. Car de 1943 au début des années 1970, Adolfo va fabriquer des faux papiers au service de causes diverses, toujours motivé par le refus de l’abjection et l’esprit de résistance. En 2014, nous avions eu la chance de le rencontrer, et d’organiser une rencontre avec lui au cinéma La Clef.

Issu d’une famille juive argentine d’origine russe établi à Paris un an avant l’arrivée au pouvoir de Hitler en Allemagne, Adolfo est à 18 ans responsable d’un laboratoire clandestin qui fabrique de faux papiers d’identité qui sauveront de nombreuses familles juives. Après la Seconde Guerre mondiale, il met son talent de faussaire au moment de la Guerre d’Algérie au service des réseaux Jeanson et Curiel, soutien du FLN en France, puis, dans les années 1960, pour soutenir différents mouvements de libération nationale, en Amérique du Sud et en Afrique.

Le 11 janvier 2014, au cinéma parisien La Clef, on avait organisé une rencontre avec Adolfo Kaminsky et sa fille Sarah, dont quelques extraits vidéos sont à voir ici. Environ 120 personnes s’étaient retrouvées pour venir l’écouter, ce qui avait d’ailleurs posé des problèmes logistiques car on n’avait pas pu faire rentrer tout le monde dans la salle de projection pour visionner des extraits du documentaire qui lui avait été consacré dans les années 1980.

Adolfo et sa fille Sarah.

Nous avions eu la chance, pour préparer cette rencontre, de rendre visite à Adolfo à son domicile : il nous avait accueilli avec beaucoup de sympathie et une grande simplicité, et ces quelques moments passés avec lui nous ont profondément marqués. C’est avec beaucoup de tristesse que nous avons appris sa disparition, et toutes nos pensées vont à ses proches, en particulier sa fille Sarah et son fils Rocé.

Adolfo nous accueille à son domicile en 2014 pour nous montrer quelques archives. [Photo : La Horde]

Avec la mort d’Adolfo, c’est encore un morceau d’Histoire vivante qui s’en va. À nous de continuer à faire vivre sa mémoire, non seulement en faisant connaitre son engagement, mais en faisant de son exemple une source d’inspiration pour les luttes à venir.

La Horde