Le 31 août 2024, Djamel Bendjaballah a été tué sous les yeux de sa fille par Jérôme Decofour, militant d’extrême droite contre lequel Djamel avait porté plainte à plusieurs reprises pour des insultes racistes. Depuis, la famille de Djamel se bat pour faire reconnaitre le caractère raciste du meurtre, et faire que sa mort ne soit pas un simple fait divers. Elle donne rendez-vous dimanche prochain à 14h devant la mairie de Cappelle-la-Grande (agglomération de Dunkerque) pour une marche blanche. Ses soutiens ont aussi écrit une pétition qui est aussi une lettre ouverte à la Procureure de la République, que nous reproduisons ci-dessous.
Madame la Procureure de la République,
Nous, associations, élus, et personnalités publiques des Hauts-de-France, souhaitons exprimer notre vive préoccupation à la suite de l’homicide de Djamel Bendjaballah, survenu le 31 août 2024 à Cappelle-la- Grande (Agglomération de Dunkerque). Nous avons pris connaissance des éléments troublants entourant cette affaire, et il est de notre devoir, en tant que citoyens engagés dans la défense des valeurs de la République, de vous interpeller sur plusieurs points majeurs.
Nous sommes solidaires de la famille BENDJABALLAH qui réclame la vérité et la justice sur ce qui nous apparaît comme un crime raciste au regard des éléments rapportés par la presse.
1. Une qualification judiciaire qui interroge
Loin de constituer un simple fait divers, les circonstances entourant ce crime révèlent des aspects particulièrement graves. Djamel Bendjaballah, un père de famille, a été tué sous les yeux de son enfant dans un contexte où son meurtrier, Jérôme Décofour, n’avait cessé de proférer à son encontre des injures racistes et islamophobes et exprimé une haine exacerbée à l’encontre des personnes issues de l’immigration.
Il est à noter que Djamel Bendjaballah avait, à plusieurs reprises, alerté les autorités quant à la dangerosité de l’individu, allant jusqu’à déposer des plaintes restées sans suite. De surcroît, les connexions de Jérôme Décofour avec un groupuscule néonazi, connu sous le nom de Alliance France et son implication dans le groupe paramilitaire la « Brigade Française Patriote », lourdement armé et structuré, soulignent une menace qui dépasse le cadre individuel.
Dans ce contexte, il est surprenant, et profondément préoccupant, que l’infraction retenue à ce jour n’inclut pas la reconnaissance explicite du caractère raciste de cet acte, ni la qualification d’assassinat, pourtant étayée par les faits. Cette décision soulève des questions fondamentales sur la reconnaissance des crimes motivés par des idéologies haineuses en France.
2. Une milice armée en attente d’une guerre civile : une menace terroriste contre la République
Les révélations concernant la « Brigade Française Patriote » suscitent une inquiétude légitime. Ce groupe, composé notamment d’anciens militaires et policiers, s’organiserait autour de camps d’entraînement clandestins situés dans les Hauts-de-France et se prépare à une « guerre civile » visant explicitement à s’en prendre aux communautés issues de l’immigration. Une telle situation n’est pas seulement dangereuse : elle constitue une attaque frontale contre les valeurs de la République et le vivre-ensemble.
Nous sommes convaincus que de tels agissements ne peuvent être banalisés ni traités comme de simples faits divers. En 2025, alors que notre pays se bat pour préserver ses idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité, il est impératif que ces organisations terroristes criminelles soient éradiquées et que leurs membres soient jugés avec la plus grande sévérité.
3. La France du vivre-ensemble face à l’intolérance
Madame la Procureure, la France s’est construite sur des valeurs universelles qui honorent la diversité et protègent chacun de ses citoyens, sans distinction d’origine ou de croyance. Laisser impunément des groupuscules armés terroristes apprendre le maniement des armes à des personnes animées de l’idéologie nazie, c’est affaiblir notre pacte républicain.
Nous vous appelons donc à reconsidérer la qualification des faits dans l’affaire Djamel Bendjaballah, en y incluant le caractère raciste et prémédité de cet acte, et à ouvrir une enquête approfondie sur les activités des membres de la « Brigade Française Patriote ». Ce n’est qu’en envoyant un signal fort que nous pourrons préserver la paix sociale et montrer que la France reste ferme face à la haine et aux extrémismes.
En ces temps troublés, nous avons foi en votre engagement pour faire triompher la justice et défendre les valeurs de notre République. Nous, signataires de cette lettre, resterons mobilisés pour veiller à ce que cette affaire ne sombre pas dans l’oubli et que justice soit rendue.
Dans l’attente de votre action, nous vous prions de croire, Madame la Procureure de la République, à l’assurance de notre haute considération.
Le 17 janvier 2025
Contact : [email protected] - Facebook : justice pour Djamel