Lu sur le site Dijoncter.info, ce court texte de la Mistoufle, le groupe de la Fédération anarchiste de Dijon, vient, sinon "réformer" véritablement l’antifascisme, du moins faire quelques petites piqûres de rappel sur la nécessité à ne pas négliger le danger que représente l’extrême droite et à s’organiser pour y faire face.
Face au tsunami fasciste en cours et face au naufrage en cours dans l’antifascisme, nous avons tenté de lister quelques idées pour réformer nos pratiques. Ce texte n’est pas un tacle collectif, c’est une base modeste pour tenter de rattraper le retard pris sur les fascistes et lancer une réflexion débouchant sur des solutions concrètes.
1- Prenons collectivement conscience du danger que cette offensive représente. Il y a un risque que très rapidement on ne puisse plus boire des coups en rentrant de manif. Il y a aussi un risque qu’il n’y ait plus de manif. Il y a un risque qu’on commence tous et toutes à mettre nos réveils à 5 heures du matin pour regarder à la fenêtre si les fachos ou les flics ne sont pas prêts à enfoncer notre porte. Clément est mort en 2013 sous les coups des fascistes. N’oublions pas, ça revient vite.
2- Ne soyons plus des cibles faciles . Nos lieux militants non sécurisés, nos rassemblement non défendus, nos tractages ou collages en petites équipes sont autant de cibles faciles pour les fachos en embuscade. Organisons nous pour ancrer durablement au quotidien la réalité de la menace fasciste. Prenons en compte l’arsenal d’armes à feux que les nazillons possèdent. Adaptons-nous aux risques liés à la détention (et au fantasme) d’armes chez les fachos. Pour réagir face à ça, il semble important de réfléchir à ce point de discorde que constitue notre rapport à la violence, en se souvenant que cette dernière n’est pas que masculiniste, mais que tous.tes peuvent se la réapproprier dans la lutte.
3- Il est nécessaire de militer efficacement avec et pour les classes sociales menacées par le fascisme qui monte, de s’unir sans quoi nous risquons de nous retrouver isolé.e.s face à ce risque. Elles sont nombreuses, alors redéployons nos actions par et pour les immigré.es, les précaires, les descendant.es de l’immigration ouvrière, les quartiers populaires, les gens du voyage, en bref, toutes les minorités opprimées.
4- Arrêtons la politique de la réaction . Nous nous sommes enlisé.es dans une routine de réaction face aux fascismes, en ne prenant jamais les devants. Nous les avons accepté.e.s plus ou moins consciemment dans nos vies, il s’agit maintenant de les forcer à devoir ell.eux aussi se défendre pour inverser la balance.
Sur le terrain à Dijon nous sommes uniquement dans une politique de riposte après leurs provocations qui sont de plus en plus nombreuses : il faut que cela cesse. Le harcèlement n’est pas tabou quand il s’agit des nazis.
5- Démystifions-les : Leur dress-code, leur culte du muscle et autres sont autant de marqueurs utilisés pour terrifier leurs adversaires, autrement dit nous. Ils ne sont pas des surhommes et surfemmes même s’ils et elles disent le contraire. Nous avons connu tant d’épreuves dans la lutte, nous ne devons pas nous abaisser devant elles et eux.
6- Identifions les ! Souvenons-nous que l’extrême-droite n’est pas un mouvement diffus et mystérieux, ces gens vont faire leurs courses et vivent à coté de nous (certes pas dans les mêmes quartiers). Nos facs, nos lieux de travail ou encore le centre-ville sont autant de lieux où l’on peut activement les déranger.
7-Dispersons-nous ! Chaque manif, action, grève est l’occasion pour l’extrême-gauche au sens large de concentrer toutes ses forces au même endroit, au même moment. Ce n’est un secret pour personne, les milieux révolutionnaires passent leurs temps à être au même endroit. Nous devons nous disperser dans une multitude de lieux de collectifs, mailler le territoire, pour diffuser nos idées et nos pratiques au plus grand nombre de personnes susceptibles de nous rejoindre.
8- Mettons la pression sur la presse locale qui véhicule et entretient les idées et points de vue de ce genre : combien d’encadrés jaunes du bien public sur la délinquance, les « incivilités » ou tout simplement des faits divers ont alimenté le sentiment réactionnaire local ? Il faut que ça cesse, et vite. Journaleux.ses en tout genre, pression de la direction ou non, ils et elles doivent rendre compte de leurs actes. Si il faut leur expliquer le droit de grève nous pouvons le faire. Si il faut prendre en compte la souffrance qui règne dans la profession nous pouvons le faire. Mais ces moyens de propagandes doivent être maîtrisés au plus vite.
9- Brisons le tabou : Oui, nos actions, nos campagnes, DOIVENT être efficaces. Il est temps de cesser de militer au grès de nos « envies » de nos désirs, etc... Le temps passe, l’extrême-gauche est toujours aussi marginale quand les fascistes alignent leur meilleure équipe de Goebbels ( propagandiste nazi du 3e Reich) sur toutes les chaînes les plus regardées du pays : leur audience et leur capacité de diffusion d’idées est gigantesque. Nous devons peser dans l’opinion publique par des actions coups de poings, des campagnes massives et coordonnées.
10- Chiffrons des objectifs intermédiaires : La révolution totale, complète et parfaite c’est le but final. Mais avant, on doit au plus vite prévoir des paliers à atteindre localement. Loin de la « ligne politique » gravée dans le marbre, on pense que des petits objectifs atteignables localement peuvent nous encourager à persévérer, à juger collectivement nos actions et luttes et à progresser (ou à se rendre compte que nous faisons fausse route).
Vous l’aurez compris Camarades, il y a urgence ! Réinventons-nous, la sclérose des pratiques militantes est un cancer mortel. La société semble de plus en plus fragmentée, la crise du capitalisme européen et mondial facilitent la montée des mouvements fascistes, et donc rapprochent la date de confrontation. On ne peut plus se permettre d’attendre !
Puissance collective, pas né.es pour se plaindre, pas né.es pour vous craindre !
Vive la lutte criminelle de notre classe dangereuse !