Musique antifa : interview de latwal

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Latwal est un duo composé de Géraldine au chant et à la guitare, et de Jean-Mi aux machines et aux platines, deux "anciens" de la scène musical alternative : la première est une "figure" de l’anarcho-punk  français (Kochise, Cartouche) qu’on a retrouvé aussi dans des formations d’autres styles musicaux (la country avec les Turtle Ramblers, le hardcore féminin avec Cria Cuervos), et le second a fait du son pour des  groupes phares de la scène alternative des années 80 / 90 (Bérurier noir, Ludwig von 88, Washington Dead Cats, Flitox, Treponem Pal, Marousse ou encore Raymonde & les blancs-becs) avant de lancer son propre projet, Junior Cony, en compagnie de Shanti-D pour donner un reggae dub roots et underground. La première production de la Twal, Shtil di nakht,  disponible en CD et 45t, mélange sons électriques et grosse drums & bass, sur fond de paroles antifascistes, en lien avec les combats d’hier et d’aujourd’hui.

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latwal, quel nom étrange pouvez-vous nous en dire plus ?
Jean mi : Trouver un nom est toujours un peu difficile et on est donc passé par la toile, hacktual, et je ne sais plus quoi encore, puis nous nous sommes arrêtés sur Latwal.
Et la signification alors ?
Géraldine : il faut venir voir l’un de nos concerts ; il y a une toile de câbles qui entoure Jean mi sur scène. Mais Latwal fait aussi référence à l’un de nos morceaux, Mon profil , qui parle du Net et des puces électroniques. Regardez une carte des connections dans le monde : une vraie toile ! Et après direz-vous ? Et bien, même si le net rapproche peut être les gens en facilitant la communication, c’est aussi un excellent outil de surveillance, idem pour le réseau mobile. De même et paradoxalement, si aujourd’hui on peut avoir accès à toutes les informations du monde, je trouve que le temps passé à cela devant son ordi, au dépend du travail de terrain et des relations humaines, pousse à un repli sur soi, voir parfois à une certaine lâcheté. Evidement il est plus facile d’être un vaillant chevalier du net que de discuter avec l’autre face à face. Je ne pense pas que l’on puisse construire une société derrière un écran…
et pourquoi avoir choisi l’araignée comme symbole ?
Jean mi : L’araignée est un animal comme un autre !

Géraldine : L’araignée ne devrait pas inspirer l’horreur, c’est plutôt un insecte utile. Tiens, chez la brasserie Cantillon à Bruxelles par exemple, où la bière fermente naturellement à l’air libre, l’araignée est la reine, car « elle élimine les insectes nuisibles qui, sans elle, pondraient leurs œufs et diffuseraient des bactéries dans nos bières », et finie la bonne mousse fraiche !
Les deux titres du 45-tours sont résolument antifasciste et en même temps radicalement différents dans leur approche et dans leur forme. Pouvez-vous nous raconter la genèse de ces deux titres ?

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Géraldine : La mise en musique de la poésie de Hirsh Glik, Shtil di nakht , est venue de l’envie de chanter dans une autre langue, en l’occurrence là le yiddish, qui est une très belle langue à chanter. Et le choix du texte n’est bien-sûr pas neutre. Son auteur était un résistant du ghetto de Vilnius en Lituanie et dans ses vers, il raconte un acte militant commis par Vitka Kempner une résistante de l’Organisation Unifiée de la Résistance (OUR). Mais cette histoire est détaillée dans le livret qui accompagne le EP et le CD.
Il s’agit donc pour nous de mettre en avant l’engagement des femmes, pour cette fois dans la lutte antifasciste.
Il faut le souligner, car c’est peu commun, les hommes et les femmes avaient exactement le même statut et les mêmes fonctions au sein de ce groupe, ce qui a d’ailleurs causé des problèmes à la résistance russe quand l’O.U.R. a quitté le ghetto au moment de sa liquidation pour continuer à se battre dans la forêt où se trouvaient les combattants russes.
Mais bien-sûr, ces derniers ne sont pas les seuls et loin de là à avoir voulu et vouloir toujours que les femmes restent derrière les fourneaux à préparer les repas des valeureux guerriers et pourquoi pas plus si affinités.
Concernant le titre « Fucking nazi bastard », rien d’autre à dire.

Jean-mi : Ça défoule !

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Et pour la différence de style de morceaux ?
Jean-mi : On n’a pas vraiment choisi de style. Nous avons fait les morceaux comme on le sentait en alternant des morceaux plutôt speed, plutôt rock avec une base reggae. Ces temps-ci, je suis plus parti pour m’orienter sur des morceaux speed. Mais en réalité, on n’a pas de recettes préconçues. Ce sont des recettes au feeling.
Pas de barrière musicale… ?
Jean mi : Pas de barrières, mais sans tomber dans le festif pouët pouët non plus !
latwal réserve une large place à La horde dans le livret. Comment justifier ce choix aujourd’hui alors qu’on assiste plutôt à une dépolitisation du monde musical tous genres confondus ?

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Géraldine : Latwal c’est avant tout une machine à musique et à chansons. Les thèmes de ces dernières sont très variés. Elles racontent des histoires humaines, ce qui va de l’amour, l’amitié à toutes les saletés dont l’homme est capable à l’échelle globale comme individuelle (bien que cette dernière soit largement conditionnée par l’aspect social). Donc on peut très bien parler d’une histoire d’amour qui commence, ou finit et de choses qui paraissent totalement absurdes et qui pourtant ont en main le destin des peuples comme la bourse qui joue avec des valeurs mais aussi avec les conditions de vie des gens ; ou les multinationales qui s’enrichissent sur le dos des générations à venir en massacrant la planète.
Pour notre première production, on a voulu mettre en avant la lutte antifasciste et s’associer avec des gens qui travaillent sur le sujet nous semblait évident, à savoir La Horde.

Jean-mi : Nous sommes végétariens, antifascistes et pro libération animale. Voilà ce que l’on pourrait dire si l’on devait résumer. Mais les chansons ne sont pas des tracts. On parle de différents sujets, mais ce qui compte peut être le plus est l’attitude que tu as. Par exemple, la façon de faire le business du disque, de faire des prix bas et pas des tarifs à neuf euros le single comme je le vois maintenant et être politiquement indépendants. « Do it yourself ».

Géraldine : Quant à la fin de votre question : la musique est à l’image de la société dans laquelle elle évolue…
On imagine que la toile va pas s’arrêter là et que d’autres titres sont déjà dans les cartons. Nous avons parlé d’une chanson sur la libération animale. Quels sont vos projets ?
Jean-mi : On a déjà pas mal de titres enregistrés qu’on sortira quand on aura rentré assez de maille pour en sortir un second c’est à dire quand on aura vendu assez du premier single. Le « Do it yourself », c’est aussi ça.

Géraldine : Avec la sortie du single, on est en train de programmer des concerts pour 2015 en France et quelques autres pays d’Europe. Question sortie de disques, on a assez de titres pour en sortir jusqu’en 2020 ! Les morceaux sont enregistrés. La prochaine sortie sera sûrement « Eat your fur » (Mange ta fourrure) qui est une sorte de ras-le-bol vis-à-vis de tous les gens qui portent leur vestes avec capuche en fourrure sans se poser la question de savoir si c’est de la vraie ou pas (la plupart du temps ça l’est quand c’est une grande marque), autrement dit si un animal est inutilement mort pour leur bon plaisir ou pas.
Le dernier couplet dit : « Si la merde devient à la mode, est-ce que tu porteras un manteau en merde sur tes épaules ? Arrête de suivre, pense par par toi-même et brûle cette saloperie de fourrure, cet animal mort que tu portes »
Le site de Latwal