Le magazine Basta ! a publié il y a quelques jours un intéressant panorama des mesures prises par les différents mouvements nationalistes et populistes lors de leurs accession au pouvoir à travers les récents exemples polonais et hongrois. En voici quelques extraits.
Que nous réserve l’avenir, si Marine Le Pen remporte l’élection présidentielle ? Pour s’en faire une idée, il peut être utile de regarder du côté de nos voisins Hongrois et Polonais, qui ont porté au pouvoir des forces nationalistes. Au sein même de l’Union européenne, Viktor Orban et le parti des frères Kaczynski bâtissent, loi après loi, des régimes qui se dirigent d’un pas assuré vers l’autoritarisme : contrôle de la justice, de la presse et de l’art par le gouvernement, attaques contre les ONG, racisme et xénophobie d’État, remises en cause des libertés et droits fondamentaux... Deux gouvernements, hongrois et polonais, que les députés FN au Parlement européen ne manquent jamais de défendre. […]
Retraite forcée pour 10% des juges hongrois
Viktor Orban et son parti, le Fidesz, sont arrivés au pouvoir en 2010, en gagnant une majorité des deux-tiers au parlement hongrois. Dès l’année suivante, son gouvernement lance des réformes affaiblissant la Cour constitutionnelle, contre-pouvoir chargé de contrôler la conformité des lois avec les règles de l’État de droit. Une réforme à laquelle Marine Le Pen a apporté son soutien. La même année, une loi envoie en retraite anticipée 10% des juges du pays, en l’occurrence les plus expérimentés. (…)
« Une loi taillée pour tuer les ONG »
Autres ennemies du Premier ministre hongrois, les associations et ONG ont fait face à des attaques à répétition depuis plusieurs années. « Cela a commencé en août 2013, avec une campagne de calomnie initiée par des médias proches du gouvernement » , retrace la FIDH dans un rapport sur la Hongrie. Les ONG, en particulier celles travaillant pour la démocratie et contre les discriminations, sont accusées d’œuvrer pour les partis politiques d’opposition. L’année suivante, un organisme gouvernemental lance une série d’audits sur les comptes des ONG hongroises ayant critiqué la politique d’Orban (…)
Les migrants systématiquement enfermés
Les organisations qui tentent d’aider les migrants sont parmi les premières visées. « Ce qui se passe en matière de migration en Hongrie, c’est une honte pour l’Union européenne , poursuit l’élue au Parlement européen. Le pays place, systématiquement, tous les migrants en détention, y compris les demandeurs d’asile. » Face à la vague de réfugiés de 2015, la Hongrie d’Orban a réagi par l’installation d’une clôture à ses frontières. Et par une violente répression. En plus de la rhétorique raciste qu’il cultive depuis des années, prônant notamment l’idée d’une supposée « homogénéité ethnique » hongroise, le Premier ministre a légiféré pour criminaliser les réfugiés. Aujourd’hui en Hongrie, le simple passage de la frontière par des demandeurs d’asile est devenu un crime passible de trois années de prison. (…)
Libéralisme économique et autoritarisme politique
En parallèle de cette politique xénophobe et autoritaire, le gouvernement d’Orban lutte-t-il contre le pouvoir des banques et de la finance ? Prend-il des mesures de redistribution des richesses vers les travailleurs et les plus pauvres ? Pas du tout. La dérive d’Orban s’accompagne au contraire de généreuses baisses d’impôt pour les entreprises. Fin 2016, le gouvernement hongrois a décidé d’abaisser l’imposition sur les sociétés de 19% à 9%, ce qui en fait le plus bas d’Europe ! Une aubaine pour les multinationales. (…)
En Pologne, main basse sur les médias, attaque contre les droits des femmes et la justice
En Pologne, la situation est toute aussi préoccupante. « Le pays a suivi le modèle hongrois. Mais ils ont été encore plus vite » , constate Marie-Christine Vergiat. Le parti Droit et Justice (PiS), fondé par les frères Kaczynski, y règne en maître depuis qu’il a obtenu la majorité absolue aux élections législatives de 2015. (…) Dans le domaine de la culture, le gouvernent du PiS fait également le ménage : en écartant les directeurs des institutions culturelles, des théâtres, des centres culturels polonais à l’étranger, pour y placer des proches, et promouvoir une vision nationaliste et conservatrice de l’art. C’est encore une fois le modèle hongrois qui est suivi : à peine arrivé au pouvoir, Orban s’était empressé de placer deux figures de l’extrême droite néofasciste et antisémite à la tête du Nouveau théâtre de Budapest. (…)
Les droits des femmes sont également menacés. Ce n’est qu’après des mois de protestation que les Polonaises ont poussé le Parlement à rejeter un projet de loi visant à supprimer complètement le droit à l’avortement – qui est déjà particulièrement restreint en Pologne – et criminalisant les femmes et médecins qui y auraient recours…
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