Lu sur Bourasque-Info, un retour sur la mobilisation antifasciste face à la venue de Rodolphe qui était invité par la Cocarde étudiante pour une "conférence".
Pas de fachos dans nos quartiers, pas de quartier pour les fachos ! Le mardi 13 mai, le syndicat d’extrême-droite Cocarde Étudiante organisait à Brest une conférence animée par Rodolphe Cart, essayiste ethno-nationaliste. Pour rappel, la Cocarde est une organisation étroitement liée au Rassemblement National dont les affinités des membres vont jusqu’aux milieux néonazis. Les saluts hitlériens sont pour eux des pratiques courantes, et leurs militants se sont fait remarquer pour des passages à tabac de militant.es et d’étudiant.es de gauche. Évidemment pour nous, antifascistes brestois.es, il était hors de question de laisser ce rassemblement se dérouler sans rien faire.
A l’appel de l’AG des Luttes, GARBA, l’Union Pirate UBO et du Poing Levé Brest, un appel à se rassembler a été publié, initialement à l’arrêt de tram Château. Puis, quelques heures avant le début de la réunion du club de lecture des racelards, le lieu a été révélé : la conférence allait se dérouler à l’Hôtel Center, Boulevard Léon Blum. Nous savons que le directeur était averti et complice de l’organisation qui avait réservé une salle et du public qu’il allait recevoir ce soir là dans son établissement. Un certain nombre de militant.es ont saturé la ligne téléphonique d’appels et de messages, invitant les salarié.es et stagiaires au bout du fil à exercer leur droit de retrait ou à leur passer leur supérieur hiérarchique. Elleux semblaient ne pas être informé.e.s du rassemblement de la Cocarde.
A 18h, un second appel a été partagé dans l’urgence, appelant à un rassemblement square Vercingétorix à 19h30, à quelques pas de l’hôtel. Malgré le changement de lieu très tardif, l’information a circulé rapidement grâce au bouche à oreille. C’est une grosse soixantaine de manifestant.es qui se sont rassemblé.es au square avant de marcher vers l’hôtel, pendant qu’un deuxième cortège se mettait en route depuis le point de rendez-vous originel pour rejoindre le rassemblement.
En arrivant boulevard Léon Blum aux alentours de 20h, les manifestant.es ont été reçu.es par un cordon de flics qui bloquait la rue, protégeant ainsi l’entrée de l’hôtel. Qu’importe, nous avions la rue pour nous. Nous avons donc fait du bruit, chanté, scandé nos slogans. Nous avons distribué des tracts expliquant la situation, et échangé avec les passant.es et les riverain.es surpris par l’agitation dans la rue. Pendant ce temps, les rares participants à la conférence devaient rentrer en catimini, en passant par l’entrée du parking, à l’arrière de l’hôtel, là aussi sous lourde protection policière.
Environ une heure après l’arrivée du cortège devant l’hôtel, les premières sommations se sont fait entendre, puis les grenades lacrymogènes ont commencé à pleuvoir. Il faut croire que l’antifascisme n’est pas au goût de la police. Le vent, cependant, était de notre côté, et les condés se sont gazés eux-mêmes. Les manifestant.es ont commencé à battre en retraite, pendant que les lacrymo tombaient par salves, 4 au total en l’espace d’une vingtaine de minutes. Le cortège est parti en direction de Saint-Martin, avant de finalement se disperser.
En passant devant l’internat de Kerichen, le cortège a été applaudi par des lycéen.nes venu assister à la scène depuis leurs fenêtres, intrigué.es par les détonations, les chants et le mur de lacrimo qui émanait du quartier adjacent. Des slogans été chantés à l’unisson par les deux groupes, l’antifascisme à de beaux jours devant lui !
Bien sûr, on pourra regretter que la conférence d’extrême-droite n’ait pas été purement et simplement annulée. Mais nous avons pu soulever un point important : quand les fachos essaient d’organiser un événement, ils sont forcés de se terrer dans des lieux privés, et de maintenir le secret jusqu’au dernier moment sous peine de voir débarquer les antifascistes. Ils sont peu nombreux, mal organisés et peinent à établir une présence dans la sphère publique. Un état de fait qui contraste avec le paysage médiatique, où l’extrême-droite est omniprésente et quasiment toute-puissante. La vraie vie c’est pas les plateaux télés !
Brest est antifa !
Siamo tutti antifascisti !